Sunday, November 12, 2006

Le Royaume-Uni, cible numéro un d'al-Qaida

Les renseignements britanniques s'inquiètent de la menace terroriste.

« LA MENACE terroriste est grave et augmente chaque jour. Elle s'étendra au moins sur une génération ». Dame Eliza Manningham-Buller, à la tête du MI5 depuis 2002, n'est pas une adepte des déclarations à l'emporte-pièce. Elle ne s'exprime que rarement, en des occasions soigneusement choisies. Le contenu de son discours à l'Université de Londres a donc eu un impact considérable, quelques jours après la condamnation à la perpé­tuité de Dhiren Barot, un Britannique d'origine indienne de 34 ans, converti à l'islam à 20 ans et accusé d'avoir ­fomenté une série d'attentats en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Le MI5 et la police enquêtent sur « environ 200 groupes ou réseaux, ­totalisant plus de 1 600 individus identifiés, engagés activement dans la préparation d'actions terroristes ici ou à l'étranger », a averti Eliza Manningham-Buller, membre des services secrets depuis trente-deux ans. Et sur ces 200 réseaux, au moins «30 complots, classés priorité numéro un, ­visent à tuer des personnes ou endommager notre économie. Ces complots sont souvent liés à al-Qaida au Pakistan », a-t-elle ajouté. Depuis les attentats du 7 juillet 2005 dans le métro de Londres, le MI5 et la police ont démantelé cinq complot « très importants ». Une grande partie des quelque 650 000 Britanniques d'origine pakistanaise qui vivent au Royaume-Uni se rendent chaque année en ­vacances au Pakistan et le MI5 estime qu'au cours de ces voyages, beaucoup sont exposés à l'influence d'al-Qaida.

Mais en Grande-Bretagne également, « ce sont les jeunes qui sont ­activement visés, façonnés, radicalisés et placés sur un chemin qui dans avec une rapidité effrayante pourrait ­conduire à leur implication dans le meurtre en masse de leurs concitoyens, dans leur propre mort prématurée dans une attaque suicide ou sur un terrain de bataille à l'étranger » , s'est inquiété Dame Manningham-Buller. Le 7 juillet 2005 a révélé aux Britanniques que la menace terroriste venait du coeur même de leur société. Les quatre terroristes avaient tous été ­élevés en Grande-Bretagne et semblaient en surface tous parfaitement intégrés.

Une sophistication croissante de l'armement des terroristes

La directrice générale du MI5, anoblie en 2005, n'a pas hésité à ­contredire le premier ministre Tony Blair en affirmant que beaucoup de terroristes en puissance étaient « motivés par leur interprétation de la politique étrangère britannique perçue comme antimusulmane, et en particulier par l'implication britannique en Irak et en Afghanistan ». Tony Blair a toujours catégoriquement ­rejeté tout lien entre la menace terroriste et la présence des troupes britanniques en Irak. Au risque de radicalisation de la jeunesse musulmane britannique, le chef des services secrets a ajouté celui de la ­sophistication croissante de l'armement. « Aujourd'hui, nous assistons à l'utilisation d'engins explosifs improvisés. Demain, la menace pourrait inclure l'utilisation d'agents chimiques et bactériologiques, de matériaux radioactifs, voire de technologie nucléaire ».

Depuis 2001, le personnel du MI5 a doublé, atteignant aujourd'hui 2 800 agents environ. D'ici à 2008, il devrait atteindre 3 500 personnes.

Mais, en dépit de ces moyens ­accrus, Dame Eliza Manningham-Buller ­reconnaît que le MI5 travaille à flux tendus et sera contraint de ­faire des choix sur les cibles prioritaires à surveiller et « pourra faire des erreurs ».

À 58 ans, après des années à travailler sous couvert, Eliza Manningham-Buller se défend de tout alarmisme mais estime nécessaire de « décrire de la manière la plus franche possible la menace d'al-Qaida au Royaume-Uni » « C'est une campagne soutenue, pas une série d'incidents isolés », a-t-elle insisté.
LE FIGARO

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