Le Pape Benoît XVI face au défi de l'islamisation de l'Europe
Le Pape Benoît XVI face au défi de l'islamisation de l'Europe
Paul Landau *
Le défi majeur auquel devra faire face le nouveau chef de l'Eglise catholique romaine est certainement celui de l'identité du continent européen ou, pour dire les choses de manière tout à fait claire, de l'islamisation de l'Europe. Benoît XVI pourrait en effet rompre avec la politique du « dialogue à tout prix » de son prédécesseur Jean Paul II, en revendiquant une attitude plus combative face aux progrès de l'islam en Europe.
En déclarant en septembre 2004 que « l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne serait une grande erreur », le cardinal Ratzinger avait nettement pris position dans le débat sur l'avenir de l'Europe. Selon certains observateurs, cette prise de position pourrait annoncer un véritable changement de politique du Vatican à l'égard de l'islam, lequel serait considéré non plus seulement comme un partenaire du dialogue interreligieux - cher à Jean Paul II - mais aussi et surtout comme un adversaire à contenir.
Le journaliste italien Sandro Magister, spécialiste des affaires vaticanes, évoquait récemment à ce sujet une nouvelle « révolution papale » au sein du Vatican, dont les principaux partisans seraient les cardinaux Camillo Ruini et Joseph Ratzinger. Selon Magister, ces cardinaux - qu'il qualifie de « néoconservateurs » - incarneraient le tournant majeur intervenu au sein de la Conférence des évêques italiens depuis quelques années : la contestation grandissante du dialogue avec l'islam. Le premier signe de cette « révolution » avait en effet été donné par l'évêque de Côme, Alessandro Maggioloni, dans un article très remarqué publié en janvier 2003, sous le titre « L'Evangile, ultime rempart contre l'islam ». (« Il Vangelo, ultima barricata contro l'Islam », Il Giornale 13 janvier 2003). La question est à présent de savoir si cette révolution « néoconservatrice » va être poursuivie par le nouvel évêque de Rome.
La politique traditionnelle du Vatican vis-à-vis de l'islam a en effet reposé depuis un demi-siècle sur deux piliers. Le premier est celui du dialogue interreligieux, qui exprime l'idée d'un front commun des religions monothéistes face à la sécularisation et au « vide spirituel » de la société de consommation. Le second était une attitude de pragmatisme politique, en vertu de laquelle l'islam était considéré comme un allié face à la menace communiste. C'est en faisant le même calcul géostratégique que les Etats-Unis ont soutenu pendant plusieurs décennies les régimes musulmans les plus rétrogrades et les mouvances islamistes les plus radicales, jusqu'à ce que les attentats du 11 septembre leur fassent faire une volte-face de 180 degrés.
Le Vatican va-t-il lui aussi réviser sa politique étrangère ? Certains signes permettent de le penser. Ainsi, le successeur de Jean Paul II a déclaré, lors de sa première audience générale sur la place Saint-Pierre, qu'il avait choisi le nom de Benoît en référence au saint patron de l'Europe, qui « représente un point de repère fondamental pour l'unité de l'Europe et un rappel puissant des incontournables racines chrétiennes de sa culture et de sa civilisation ».
Cette déclaration dénuée de toute ambiguïté pourrait inaugurer un changement de politique du Vatican, et une attitude plus ferme face à l'islamisation de l'Europe. Un premier signe annonciateur d'un possible changement de politique avait été donné il y a dix-huit mois, avec la parution d'un article très critique envers l'islam dans la revue Civilta Cattolica, qui passe pour être l'organe officieux du Saint-Siège. L'auteur de cet article, Giuseppe de Rosa, affirmait notamment que l'Europe avait « vécu sous la menace constante [de l'islam] pendant près de mille ans ».
A l'heure où l'objectif de conquérir l'Europe est énoncé haut et fort par les dirigeants islamistes - tel le sheikh Qaradawi, président du « Conseil européen pour la fatwa », déclarant que l'islam retournera en Europe et que les Européens se convertiront à l'islam, ou le prédicateur Tariq Ramadan, qui parle avec mépris de la « supercherie judéo-chrétienne » - le rappel des racines chrétiennes de l'Europe, venant de la Place Saint-Pierre de Rome, pourrait donner le premier signal d'une volonté de reconquête.
Paul Landau *
Le défi majeur auquel devra faire face le nouveau chef de l'Eglise catholique romaine est certainement celui de l'identité du continent européen ou, pour dire les choses de manière tout à fait claire, de l'islamisation de l'Europe. Benoît XVI pourrait en effet rompre avec la politique du « dialogue à tout prix » de son prédécesseur Jean Paul II, en revendiquant une attitude plus combative face aux progrès de l'islam en Europe.
En déclarant en septembre 2004 que « l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne serait une grande erreur », le cardinal Ratzinger avait nettement pris position dans le débat sur l'avenir de l'Europe. Selon certains observateurs, cette prise de position pourrait annoncer un véritable changement de politique du Vatican à l'égard de l'islam, lequel serait considéré non plus seulement comme un partenaire du dialogue interreligieux - cher à Jean Paul II - mais aussi et surtout comme un adversaire à contenir.
Le journaliste italien Sandro Magister, spécialiste des affaires vaticanes, évoquait récemment à ce sujet une nouvelle « révolution papale » au sein du Vatican, dont les principaux partisans seraient les cardinaux Camillo Ruini et Joseph Ratzinger. Selon Magister, ces cardinaux - qu'il qualifie de « néoconservateurs » - incarneraient le tournant majeur intervenu au sein de la Conférence des évêques italiens depuis quelques années : la contestation grandissante du dialogue avec l'islam. Le premier signe de cette « révolution » avait en effet été donné par l'évêque de Côme, Alessandro Maggioloni, dans un article très remarqué publié en janvier 2003, sous le titre « L'Evangile, ultime rempart contre l'islam ». (« Il Vangelo, ultima barricata contro l'Islam », Il Giornale 13 janvier 2003). La question est à présent de savoir si cette révolution « néoconservatrice » va être poursuivie par le nouvel évêque de Rome.
La politique traditionnelle du Vatican vis-à-vis de l'islam a en effet reposé depuis un demi-siècle sur deux piliers. Le premier est celui du dialogue interreligieux, qui exprime l'idée d'un front commun des religions monothéistes face à la sécularisation et au « vide spirituel » de la société de consommation. Le second était une attitude de pragmatisme politique, en vertu de laquelle l'islam était considéré comme un allié face à la menace communiste. C'est en faisant le même calcul géostratégique que les Etats-Unis ont soutenu pendant plusieurs décennies les régimes musulmans les plus rétrogrades et les mouvances islamistes les plus radicales, jusqu'à ce que les attentats du 11 septembre leur fassent faire une volte-face de 180 degrés.
Le Vatican va-t-il lui aussi réviser sa politique étrangère ? Certains signes permettent de le penser. Ainsi, le successeur de Jean Paul II a déclaré, lors de sa première audience générale sur la place Saint-Pierre, qu'il avait choisi le nom de Benoît en référence au saint patron de l'Europe, qui « représente un point de repère fondamental pour l'unité de l'Europe et un rappel puissant des incontournables racines chrétiennes de sa culture et de sa civilisation ».
Cette déclaration dénuée de toute ambiguïté pourrait inaugurer un changement de politique du Vatican, et une attitude plus ferme face à l'islamisation de l'Europe. Un premier signe annonciateur d'un possible changement de politique avait été donné il y a dix-huit mois, avec la parution d'un article très critique envers l'islam dans la revue Civilta Cattolica, qui passe pour être l'organe officieux du Saint-Siège. L'auteur de cet article, Giuseppe de Rosa, affirmait notamment que l'Europe avait « vécu sous la menace constante [de l'islam] pendant près de mille ans ».
A l'heure où l'objectif de conquérir l'Europe est énoncé haut et fort par les dirigeants islamistes - tel le sheikh Qaradawi, président du « Conseil européen pour la fatwa », déclarant que l'islam retournera en Europe et que les Européens se convertiront à l'islam, ou le prédicateur Tariq Ramadan, qui parle avec mépris de la « supercherie judéo-chrétienne » - le rappel des racines chrétiennes de l'Europe, venant de la Place Saint-Pierre de Rome, pourrait donner le premier signal d'une volonté de reconquête.
0 Comments:
Post a Comment
<< Home