Saturday, February 03, 2007

Le "complot de Birmingham" ravive les inquiétudes envers l'extrémisme musulman

LE MONDE 02.02.07 14h37

Un épicier, un instituteur, l'employé d'une librairie et le gérant d'une pizzeria font partie des neuf Britanniques d'origine pakistanaise interrogés par la police après la découverte du "complot de Birmingham". Ces hommes, suspectés d'avoir planifié l'enlèvement et l'assassinat d'un soldat musulman britannique, sont des pères de famille apparemment bien intégrés, connus et respectés dans leur quartier. La gravité des soupçons qui pèsent sur eux confirme une nouvelle fois la perméabilité de certains secteurs de la communauté musulmane aux mots d'ordre les plus extrémistes et la disponibilité de quelques-uns de ses membres à passer à l'action terroriste.

LE "MODÈLE IRAKIEN"
Avec 20 % de sa population originaire du sous-continent indien, en grande majorité du Pakistan, Birmingham, surnommée "Muslim Central", offre un terreau fertile à la propagande islamiste. John Reid, ministre de l'intérieur, vient de révéler que le premier complot inspiré par Al-Qaida en Grande-Bretagne, avait été mis au jour à Birmingham en 2000, un an avant les attentats du 11-Septembre.

La librairie au centre de l'enquête avait été cofondée par Moazzem Begg, l'un des neuf prisonniers britanniques de Guantanamo, arrêté au Pakistan en 2002 et libéré sans inculpation en janvier 2005.
Elle était depuis longtemps dans le collimateur de la police, qui l'avait "visitée" à plusieurs reprises. On y trouvait en vente quelques ouvrages incendiaires, incitant au terrorisme, dont celui, édité en 1999 par la librairie, et écrit par Dhiren Barot. Cet hindou converti à l'islam, condamné en novembre 2006 à la prison à vie par un tribunal londonien, avait élaboré des projets d'attentats à grande échelle à Londres et à New York. Plusieurs de ces livres sont encore disponibles sur le site Internet de la librairie.
Le complot déjoué à Birmingham lance un redoutable défi à la police britannique. Le possible recours de certains extrémistes, en Grande-Bretagne même, à des enlèvements politiquement ciblés, suivis d'assassinats, et fortement médiatisés via Internet, selon le "modèle irakien", est plus difficile à déceler par le contre-espionnage que la préparation d'un attentat et plus facile à mettre en oeuvre.
De nombreux sites Internet expliquent, par exemple, aux candidats terroristes le mode opératoire d'un enlèvement, dont l'effet psychologique est tout aussi ravageur auprès de la population que celui d'une bombe, surtout s'il s'accompagne, comme ce fut souvent le cas en Irak, d'un douloureux chantage mettant en conflit la vie de l'otage et la raison d'Etat.
Jean-Pierre Langellier

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