A Berlin, la construction de la première mosquée de l'est de l'Allemagne provoque des remous
LE MONDE 03.01.07
BERLIN CORRESPONDANT
a construction d'une mosquée à Berlin-Est, la première à voir le jour dans la partie orientale de l'Allemagne, suscite des remous dans la population. La pose de la première pierre de l'édifice, qui sera flanqué d'un minaret haut de douze mètres, a eu lieu dans un calme relatif, mardi 2 janvier, en présence de quelque 90 policiers.
Les néonazis, qui s'étaient mêlés en 2006 à des manifestations contre le projet, sont restés discrets. Mais un groupe d'une centaine de personnes, venues avec des pancartes, a néanmoins réitéré le rejet par une partie des habitants d'une construction autorisée par la mairie du quartier de Pankow-Heinersdorf.
Pour ces opposants, la classe politique s'est comportée de manière arrogante en refusant de les écouter. "C'était déjà comme ça du temps de la RDA", a commenté un manifestant, en allusion à la période où la République démocratique allemande, dont Berlin-Est était la capitale, était dirigée par un régime communiste. "Il n'y a pas de musulmans dans notre quartier", s'insurge Joachim Swietlik, président de l'association opposée au projet.
Depuis la réunification du pays, en 1990, l'intégration des immigrés, qui se sont peu à peu installés dans l'est de Berlin comme dans les autres Länder de l'ex-RDA, y a souvent été une source de tensions. Les remous autour de la mosquée de Pankow démontrent que le dialogue avec les musulmans, appelé de ses voeux par le gouvernement fédéral, est encore délicat à mettre en oeuvre sur le terrain dans ces régions de l'ancienne Allemagne de l'Est.
Ces tensions sont moins fortes à l'Ouest où les immigrés de confession musulmane, essentiellement des Turcs, sont très implantés depuis les années 1960. A Berlin, ils constituent une très importante communauté de 200 000 personnes, notamment à Kreuzberg. Ils y disposent de plusieurs mosquées et de très nombreuses salles de prière.
La mosquée de Pankow est construite sur une friche industrielle par la communauté musulmane Ahmadiyya dont les membres viennent surtout du Pakistan, d'Inde et du Bangladesh. Selon Abdul Basit Tariq, l'imam de la future mosquée, 200 membres de cette communauté vivent à Berlin, sur un total de 30 000 dans toute l'Allemagne. Ahmadiyya a été fondée en Inde au XIXe siècle : son plus haut dirigeant, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, était venu de Londres pour l'occasion.
Selon les opposants à la mosquée, le fait que cette communauté ait déploré la représentation, en décembre 2006 à Berlin, de l'opéra Idoménée de Mozart mettant en scène une tête coupée de Mahomet, prouve qu'elle va à l'encontre des valeurs démocratiques (Le Monde du 20 décembre 2006). Les autorités n'ont pas trouvé d'éléments démontrant qu'Ahmadiyya représentait un quelconque danger. Au niveau fédéral, elles tablent sur le dialogue lancé en 2006 avec les responsables musulmans du pays pour aplanir ce type de réticences.
Antoine Jacob
BERLIN CORRESPONDANT
a construction d'une mosquée à Berlin-Est, la première à voir le jour dans la partie orientale de l'Allemagne, suscite des remous dans la population. La pose de la première pierre de l'édifice, qui sera flanqué d'un minaret haut de douze mètres, a eu lieu dans un calme relatif, mardi 2 janvier, en présence de quelque 90 policiers.
Les néonazis, qui s'étaient mêlés en 2006 à des manifestations contre le projet, sont restés discrets. Mais un groupe d'une centaine de personnes, venues avec des pancartes, a néanmoins réitéré le rejet par une partie des habitants d'une construction autorisée par la mairie du quartier de Pankow-Heinersdorf.
Pour ces opposants, la classe politique s'est comportée de manière arrogante en refusant de les écouter. "C'était déjà comme ça du temps de la RDA", a commenté un manifestant, en allusion à la période où la République démocratique allemande, dont Berlin-Est était la capitale, était dirigée par un régime communiste. "Il n'y a pas de musulmans dans notre quartier", s'insurge Joachim Swietlik, président de l'association opposée au projet.
Depuis la réunification du pays, en 1990, l'intégration des immigrés, qui se sont peu à peu installés dans l'est de Berlin comme dans les autres Länder de l'ex-RDA, y a souvent été une source de tensions. Les remous autour de la mosquée de Pankow démontrent que le dialogue avec les musulmans, appelé de ses voeux par le gouvernement fédéral, est encore délicat à mettre en oeuvre sur le terrain dans ces régions de l'ancienne Allemagne de l'Est.
Ces tensions sont moins fortes à l'Ouest où les immigrés de confession musulmane, essentiellement des Turcs, sont très implantés depuis les années 1960. A Berlin, ils constituent une très importante communauté de 200 000 personnes, notamment à Kreuzberg. Ils y disposent de plusieurs mosquées et de très nombreuses salles de prière.
La mosquée de Pankow est construite sur une friche industrielle par la communauté musulmane Ahmadiyya dont les membres viennent surtout du Pakistan, d'Inde et du Bangladesh. Selon Abdul Basit Tariq, l'imam de la future mosquée, 200 membres de cette communauté vivent à Berlin, sur un total de 30 000 dans toute l'Allemagne. Ahmadiyya a été fondée en Inde au XIXe siècle : son plus haut dirigeant, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, était venu de Londres pour l'occasion.
Selon les opposants à la mosquée, le fait que cette communauté ait déploré la représentation, en décembre 2006 à Berlin, de l'opéra Idoménée de Mozart mettant en scène une tête coupée de Mahomet, prouve qu'elle va à l'encontre des valeurs démocratiques (Le Monde du 20 décembre 2006). Les autorités n'ont pas trouvé d'éléments démontrant qu'Ahmadiyya représentait un quelconque danger. Au niveau fédéral, elles tablent sur le dialogue lancé en 2006 avec les responsables musulmans du pays pour aplanir ce type de réticences.
Antoine Jacob
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