Monday, October 08, 2007

Terrorisme: la France doit faire face à une "double menace"


PARIS (AFP) La France fait face à une double menace terroriste, à savoir Al-Qaïda et la proximité de l'Algérie, estime dans un entretien à Libération publié lundi le directeur de la DST Bernard Squarcini, qui fait état d'"un risque de récidive par rapport à ce que l'on a connu dans les années 94-95".


"Nous nous retrouvons sous une double menace, à savoir la menace venant de la mouvance internationaliste, donc Ben Laden, mais également la proximité de l'Algérie, et donc un risque de récidive par rapport à ce qu'on a connu dans les années 94-95", affirme M. Squarcini.
"Le fait d'obtenir ce label Al-Qaïda Maghreb islamique représente un grand danger pour les intérêts français et la France (...) puisqu'un groupe circonscrit au territoire algérien s'inscrit désormais dans le jihadisme international et associe le pouvoir algérien, qu'il conteste fortement, au pouvoir français", explique Joël Bouchité, directeur des RG, également interrogé par Libération.
Pour lutter contre le terrorisme, les Renseignements généraux "travaillent sur des mouvements de réislamisation, sur des prédicateurs, sur des gens qui embrigadent. Les lieux propices, ce sont certaines mosquées, des associations avec des buts dissimulés, le milieu carcéral - où se côtoient les condamnés de 95 et des filières afghanes avec des individus récupérés pour des délits de droit commun", précise M. Bouchité, qui mentionne à ce propos "un très gros souci".
"Nous travaillons également sur le phénomène des convertis à l'islam et des filières", ajoute M. Squarcini.

Sunday, October 07, 2007

Le double visage du cheikh Youssouf al-Qaradawi


Le cheikh Youssouf al-Qaradawi
Organisateur de la "Coalition de la Bienfaisance" et de la collecte en faveur du Hamas en Europe


Le cheikh Qaradawi est à la fois le mentor spirituel de l'UOIF, le président du CEFR (Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche) et l'organisateur de la collecte au profit du Hamas dans de nombreux pays européens, et notamment en France par le CBSP. Il est aussi l'auteur de fatwas autorisant les attentats-suicides. Il a été interdit de séjour aux Etats-Unis, après que ses liens avec la banque du terrorisme Al-Taqwa soient apparus au grand jour.

Le double visage de Qaradawi


L'islamologue français Gilles Kepel décrit Qaradawi comme un "compagnon de route des Frères musulmans" et comme un des plus influents prédicateurs sunnites contemporains [1]. Pour le journaliste du Monde Xavier Ternisien, il peut être considéré comme le "chef" de l'islam mondial... [2]

Qaradawi est en effet un homme puissant et influent dans le monde musulman. Déchu de la nationalité égyptienne, en raison de ses liens avec l'organisation des Frères musulmans, il vit au Qatar depuis 1962, et il anime une émission célèbre sur la chaîne Al-Jazira, "Ash-Sharia wal Hayat" (La charia et la vie). Membre du "bureau de l'orientation" des Frères musulmans, Qaradawi a été récemment pressenti pour devenir le président de cette organisation, mais il a refusé ce poste. Son influence s'exerce à la fois par le biais des médias, du CEFR (voir plus bas) et d'Internet, auquel il s'est intéressé depuis de nombreuses années.

Qaradawi est un représentant typique du courant islamiste centriste, que certains qualifient parfois de "modéré" (par opposition à l'islamisme radical incarné par Ben Laden). Mais cette "modération" est purement de façade. En réalité, Qaradawi soutient les attentats-suicides, et encourage le jihad, notamment parmi les populations européennes, comme nous allons le voir.

1. Le prédicateur et homme de médias


Qaradawi est "une puissance à lui tout seul", comme l'observe un journaliste du Monde qui l'a souvent rencontré [3]. Son émission "La charia et la vie" sur Al-Jazira est regardée par plus de dix millions de téléspectateurs dans le monde entier, et notamment en France et en Europe.

Cette célébrité médiatique lui a valu d'être invité au congrès du Bourget de l'UOIF en l'an 2000. Comme l'explique l'islamologue Gilles Kepel, Qaradawi a fait de la jeunesse musulmane immigrée en Occident le "coeur de cible de sa prédication" [4].

Cette prédication s'exerce par plusieurs canaux : la chaîne de télévision qatarie tout d'abord, qui est aujourd'hui reçue dans le monde entier et en France notamment, grace aux antennes paraboliques (qui parsèment les banlieues françaises). Internet ensuite, dont Qaradawi a très tôt compris le potentiel formidable qu'il représente pour la diffusion de l'islam dans le monde, et auquel il a consacré plusieurs millions de dollars.

Depuis 1996, Qaradawi a ainsi levé pas moins de 16 millions de dollars auprès de riches donateurs des pays du Golfe pour développer des sites Internet [5].

2. L'organisateur de l'islam européen

Par-dela son activité de prédication, Qaradawi a joué et joue encore le rôle d'organisateur de l'islam européen, à travers deux institutions : l'UOIE (Union des organisations islamiques européennes, dont l'UOIF est la branche française), et le CEFR (Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche).

Conformément à la doctrine des Frères musulmans, qui ont fait de l'Europe un de leurs principaux champs d'action depuis les années 1960, Qaradawi a consacré beaucoup de moyens à l'organisation de l'islam européen. Il est jusqu'à ce jour le mentor spirituel de l'UOIF, qui l'a invité à son congrès annuel du Bourget en 2000.

Mais c'est surtout à travers le CEFR, qu'il préside, que Qaradawi exerce son influence sur les populations musulmanes européennes.

Le Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche

Le CEFR est une institution originale et inédite dans le paysage politique européen. Sous des dehors religieux et consultatifs, elle revendique en fait une véritable autonomie juridique pour les populations musulmanes européennes.
Inauguré à Londres en mars 1997, le CEFR se présente comme une "entité académique, islamique, spécialisée et indépendante", ayant pour but d'émettre des "fatwas collectives qui répondent aux besoins des musulmans en Europe" 6.
L'analyse de la jurisprudence du CEFR montre un mélange de souplesse apparente en matière strictement religieuse, et d'extrémisme en matière politique. Lors de la session de Stockholm du CEFR, en juillet 2003, le cheikh Qaradawi a ainsi expliqué que les attentats-suicides du Hamas ne constituaient pas des actes de terrorisme, mais un moyen de résistance, en reprenant les arguments développés dans ses fatwas sur le sujet (voir ci-dessous) [7].

3. Le responsable de la collecte européenne pour le Hamas

Le cheikh Qaradawi a mis ses talents d'organisateur au service du mouvement terroriste palestinien Hamas, en organisant une collecte à grande échelle sur le territoire européen.
Cette collecte, intitulée "Campagne des 101 jours", s'effectue par le biais d'un réseau d'associations créées dans la plupart des pays d'Europe [8]. Ce réseau est désigné sous le nom de "Coalition de la Bienfaisance" et se présente comme ayant une visée purement caritative. Toutefois, les destinataires des fonds collectés les utilisent à la fois à des fins humanitaires et à des fins terroristes.

Les fonds collectés dans le cadre de la "Coalition de la Bienfaisance" (représentée en France par le CBSP) servent ainsi notamment à rémunérer les familles des terroristes kamikazes du Hamas, qui se font exploser dans les cafés, les autobus et les restaurants israéliens, entraînant dans leur mort des dizaines de civils innocents.

4. L'auteur de fatwas autorisant les attentats-suicides


Parmi les nombreuses fatwas publiées par le cheikh Qaradawi, plusieurs portent sur des sujets éminemment politiques et très éloignés des préoccupations quotidiennes des populations musulmanes européennes. C'est le cas notamment de ses fatwas autorisant les attentats-suicides.

Qaradawi a ainsi rendu, au début de la deuxième Intifada, une fatwa autorisant les attentats-suicides commis contre des civils israéliens, au motif que "chaque citoyen israélien, homme ou femme, est un soldat potentiel" [9].

Dans un article intitulé "La légalité des attentats-suicides au regard du droit musulman", j'ai montré que le droit musulman classique établissait une distinction stricte entre les combattants et les civils, ces derniers jouissant des protections du droit de la guerre [10]. Mais cette distinction - traditionnelle en droit musulman - a été remise en cause par les décisionnaires contemporains du courant islamiste, et notamment par le cheikh Qaradawi.

Dans une fatwa rendue en 2003, Qaradawi a même été jusqu'à autoriser les attentats-suicides commis par des femmes musulmanes, en considérant que ces actes consitutaient une forme de "martyre pour la cause d'Allah" et qu'une femme devait "partir faire le jihad même sans l'autorisation de son mari" [11].
Les fatwas de Qaradawi autorisant les attentats-suicides ont été diffusées en Occident, notamment par le biais de sites Internet islamistes. On les trouve ainsi sur plusieurs sites en français. Il est probable que ces fatwas ont pu inciter des femmes musulmanes (et converties, comme la kamikaze belge Muriel Degauque) à devenir elles aussi des "soldats de l'islam" et à se transformer en bombes humaines.

5. Promoteur du "jihad financier", obligation pour tous les musulmans d'Europe

A coté de ses fatwas autorisant les attentats-suicides, le cheikh Qaradawi a également rendu plusieurs fatwas sur le thème du "jihad financier", c'est-à-dire de l'obligation pour les musulmans du monde entier de participer au jihad contre les "ennemis de l'islam", en donnant leur "zakat" (aumône légale) aux organisations qui mènent le jihad, comme le Hamas palestinien.

C'est dans ce cadre que s'inscrit la "campagne des 101 jours" menée en Europe par la "coalition de la Bienfaisance" et en France par le CBSP. En incitant les populations musulmanes de France à donner leur "zakat" au Hamas, Qaradawi tente de les transformer en soldats de l'islam. Son action et celle du CBSP constituent donc non seulement une aide au terrorisme palestinien, mais aussi un danger pour la paix civile en France.

6. Actionnaire de la banque du terrorisme Al-Taqwa

Le cheikh Qaradawi a été interdit de séjour aux Etats-Unis, après que ses liens avec la banque du terrorisme Al-Taqwa aient été dévoilés. Cette banque, dont Qaradawi est un des principaux actionnaires, a vu ses avoirs gelés le 7 novembre 2001, en raison de ses relations avec le réseau Al-Qaïda. Réagissant à cette décision, lors d'un sermon du vendredi prononcé le 14 mars 2003 à Qatar, le Cheikh Al-Qaradawi a déclaré 12 :
"La plupart de mes biens et de mes avoirs étaient dans la banque Al-Taqwa. Cette dernière a été séquestrée, accusée d'être une fondation terroriste dirigée par des terroristes, sous prétexte que ceux-ci aident le Hamas".
Mais malgré ses liens étroits avec le Hamas et avec la banque Al-Taqwa, Qaradawi reste persona grata en France et en Europe. Pour combien de temps encore?
Paul Landau


Notes
1. G. Kepel, Jihad, p. 263 et 362, Gallimard 2003.
2. X. Ternisien, "Al-Qaradawi, l'islam à l'écran", Le Monde 30 août 2004.
3. X. Ternisien, "Al-Qaradawi, l'islam à l'écran".
4. G. Kepel, Jihad, p. 476.
5. Anwar Abu Eisheh, "The use of the Internet to serve peace", article publié sur le site de l'UNESCO, www.unesco.org.
6. P. Landau, Le Sabre et le Coran, p. 192. Editions du Rocher 2005.
7. Voir le rapport de MEMRI, "Al-Qaradawi speaks in Favor of Suicide Operations at an Islamic Conference in Sweden”, 24 juillet 2003, http://www.memri.org/french/.
8. La liste des organisations participant à cette campagne figure sur le site du CBSP, http//cbsp.free.fr.
9. Fatwa citée par Kepel, Jihad p. 512.
10. P. Landau, "La légalité des attentats-suicides au regard du droit musulman", Metula News Agency, 29 septembre 2004.
11. P. Landau, Le Sabre et le Coran, p. 197.
12. "N'oublions pas la Palestine!", sermon du vendredi prononcé le 14 mars 2003 au Qatar, publié sur le site http://www.islamophile.org/spip/article729.html.

Wednesday, October 03, 2007

Islam : Sarkozy lance un message de fermeté aux intégristes


SOPHIE DE RAVINEL. LE FIGARO
Publié le 02 octobre 2007

Le chef de l'État s'est rendu hier soir à la grande mosquée de Paris pour rompre le jeûne du ramadan. Il a rendu hommage à l'islam de France, et a promis, d'expulser ceux qui parlent de haine, au nom de la religion musulmane.

« CEUX qui parlent de haine blasphèment l'islam. Ils n'ont rien à faire sur le sol de la République française ». Hier soir, devant un parterre composé de tous les représentants de l'islam de France, le chef de l'État est intervenu à la grande mosquée de Paris, à l'occasion de la rupture du jeûne du ramadan. Nicolas Sarkozy s'est montré ferme à l'égard des extrémistes « qui tuent au nom de l'islam et qui voudraient nous précipiter dans une guerre de religion à l'échelle mondiale ». Ceux qui n'affichent pas un message « de paix et d'amour de l'autre », a-t-il précisé, « seront expulsés du territoire ». Il a assuré qu'il n'y aurait « aucune faiblesse à leur égard ».

C'est la première fois, depuis l'inauguration de cette mosquée par Gaston Doumergue en 1926, qu'un président en exercice vient rompre le jeûne, un acte cultuel qui consiste à partager le premier repas suivant le coucher du soleil. Rien de très étonnant pour Nicolas Sarkozy qui fut à l'origine, comme ministre de l'Intérieur, de la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) en 2002. C'est à l'invitation de son président, le recteur Dalil Boubakeur, que le chef de l'État s'est exprimé hier. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs vanté les mérites du CFCM, grâce auquel « notre pays ne connaît aucune montée de tension dans les rapports entre musulmans et non- musulmans », et que l'islam apparaît « comme compatible avec les valeurs de laïcité, de tolérance, de respect des personnes ».

Financement et formation
« Si le respect des diversités est bon pour la France », a-t-il en outre souligné, il doit aussi être bon « à travers le monde ». « La diversité, on ne peut la chercher quand on est minoritaire, et la combattre quand on est majoritaire ». Comme signe de cette « diversité » promue en France, Nicolas Sarkozy a cité la secrétaire d'État à la Ville, Fadela Amara, qui l'accompagnait. « C'est important pour moi que Fadela soit membre du gouvernement, comme Rachida Dati en tant que garde des Sceaux. »


Le président n'a pas caché son intention de continuer à suivre « avec attention » l'organisation de l'islam de France, et en particulier les élections à la tête du CFCM qui se dérouleront en 2008 et verront le départ de Dalil Boubakeur. Celui-ci est attendu à la tête de la Fondation pour les oeuvres de l'islam, destinée à permettre le financement des lieux de culte mais aussi la formation des imams. « N'en déplaise à quelques-uns que je combats, a lancé le président de la République, l'islam, c'est aussi la France. »