Wednesday, May 25, 2005

LA LIBERTE D'EXPRESSION EN DANGER?

Fallaci inculpée pour diffamation contre l'islam(D'après Reuters et AFP)

Après «La rage et l'orgueil», l'écrivain courageux a récidivé dans «La force de la raison».
Auteur de plusieurs best-sellers, Oriana Fallaci a été inculpée pour diffamation contre l'islam en Italie, où elle devra comparaître. Cette décision a été dénoncée par le ministre italien de la Justice, Roberto Castelli, mais saluée par des organisations musulmanes qui accusent Fallaci d'incitation à la haine religieuse dans son livre «La forza della ragione» («La force de la raison»), publié en 2004.

Oriana Fallaci, qui vit à New York, s'est plusieurs fois attiré les foudres de la communauté musulmane pour ses critiques de l'islam après les attentats du 11 septembre 2001. Dans «La forza della ragione», elle écrit que 6000 personnes ont été tuées au nom du Coran par des terroristes au cours des 20 dernières années, et estime que la foi musulmane «sème la haine à la place de l'amour et l'esclavage à la place de la liberté». Elle juge aussi que «l'Europe est devenue chaque jour davantage une province de l'islam, une colonie de l'islam» et que «penser qu'il y a un bon islam et un mauvais islam va contre la raison».

Le parquet italien avait initialement rejeté les accusations de diffamation lancées par une organisation musulmane italienne en y opposant la liberté d'expression de l'auteur. Mais un juge de Bergame, Armando Grasso, a rejeté mardi la recommandation du parquet et estimé qu'Oriana Fallaci devait comparaître car ses propos constituaient «une attaque contre l'islam et les musulmans».

Le président de l'Union des musulmans d'Italie, Adel Smith, un des plaignants, s'est félicité de la décision. «C'est la première fois qu'un juge ordonne un procès pour diffamation contre la foi islamique, a-t-il assuré aux journalistes. Mais il ne s'agit pas seulement de diffamation. Nous voulons que le tribunal reconnaisse qu'il s'agit d'une incitation à la haine religieuse.»

Oriana Fallaci, une septuagénaire atteinte d'un cancer, avait fait scandale dans la communauté musulmane après les attentats du 11 septembre avec «La rabia e l'orgoglio» («La rage et l'orgueil») dans lequel elle affirmait que l'Occident était supérieur à la société musulmane et que les immigrants musulmans s'étaient «multipliés comme des rats». Un million d'exemplaires de ce livre s'étaient vendus en Italie, et 500000 autres en Europe.

Sunday, May 22, 2005

Al-Qaida à Gaza : vers un 11 septembre israélien ?

Paul Landau *

L'information révélée vendredi dernier par le Jerusalem Post, de l'implantation d'un nouveau groupe terroriste lié à Al-Qaida dans la bande de Gaza, est lourde de signification, et en dit long sur ce que le "plan de retrait" du gouvernement Sharon réserve pour l'avenir de la région toute entière.

A vrai dire, cette annonce n'était pas totalement inattendue. Depuis plusieurs mois, plusieurs observateurs lucides de la scène locale et internationale, parmi lesquels Caroline Glick du Jerusalem Post - avaient mis en garde contre la possibilité que la bande de Gaza ne devienne un nouveau foyer du terrorisme global, au lendemain du retrait des forces israéliennes. Mais ce qui n'était encore qu'un pronostic est devenu depuis une réalité : l'installation à Gaza de mouvements terroristes liés à la nébuleuse Al-Qaida.

Ce sont des responsables de la sécurité de l'Autorité palestinienne qui ont divulgué cette information au Jerusalem Post. Selon ces informations, un groupe du nom de Jundallah, les "Brigades d'Allah", a commencé à mener des opérations contre Israël dans la bande de Gaza. Ce groupe serait constitué d'anciens membres du Hamas et du Jihad islamique, et serait étroitement lié aux cellules d'Al-Qaida en Afghanistan, au Pakistan et en Irak. Cette information dont l'importance est évidemment capitale, contredit toutes les prévisions optimistes faites par de nombreux experts, et par les dirigeants israéliens - enfermés dans leur "conception" comme avant la Guerre du Kippour - concernant les conséquences du plan de "désengagement" de Gaza pour la situation dans notre région.

Contrairement aux affirmations des tenants du "plan de retrait" de Gaza, celui-ci ne contribuera pas à une accalmie de la situation dans la région, mais il risque plutôt de mettre le feu aux poudres. Si ce plan devait être appliqué comme prévu au mois d'août, nous pourrions revivre à l'automne les événements de septembre 2000, avec encore plus de violence, voire même connaître un véritable 11 septembre israélien. Les groupes terroristes locaux ne manqueront pas de faire tout leur possible pour que le retrait se transforme en débandade, et pour apparaître comme les vainqueurs aux yeux de l'opinion arabo-musulmane.

Mais plus généralement, le retrait de Gaza risque de se transformer en une nouvelle victoire pour le terrorisme global - et pas seulement local - et en un revers pour la lutte antiterroriste menée par les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. L'installation du groupe Jundallah à Gaza révélée la semaine dernière n'est que le premier signe annonciateur de ce qui pourrait advenir si le plan de désengagement est mené à terme. La bande de Gaza, une fois que les soldats de Tsahal l'auront quittée - sous le feu des roquettes du Hamas et des brigades Al-Aqsa du Fatah - va devenir une nouvelle base pour le terrorisme global d'Al-Qaida et de ses affidés, et un foyer d'instabilité pour la région toute entière.

Monday, May 16, 2005

Le Pape Benoît XVI face au défi de l'islamisation de l'Europe

Le Pape Benoît XVI face au défi de l'islamisation de l'Europe
Paul Landau *

Le défi majeur auquel devra faire face le nouveau chef de l'Eglise catholique romaine est certainement celui de l'identité du continent européen ou, pour dire les choses de manière tout à fait claire, de l'islamisation de l'Europe. Benoît XVI pourrait en effet rompre avec la politique du « dialogue à tout prix » de son prédécesseur Jean Paul II, en revendiquant une attitude plus combative face aux progrès de l'islam en Europe.

En déclarant en septembre 2004 que « l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne serait une grande erreur », le cardinal Ratzinger avait nettement pris position dans le débat sur l'avenir de l'Europe. Selon certains observateurs, cette prise de position pourrait annoncer un véritable changement de politique du Vatican à l'égard de l'islam, lequel serait considéré non plus seulement comme un partenaire du dialogue interreligieux - cher à Jean Paul II - mais aussi et surtout comme un adversaire à contenir.

Le journaliste italien Sandro Magister, spécialiste des affaires vaticanes, évoquait récemment à ce sujet une nouvelle « révolution papale » au sein du Vatican, dont les principaux partisans seraient les cardinaux Camillo Ruini et Joseph Ratzinger. Selon Magister, ces cardinaux - qu'il qualifie de « néoconservateurs » - incarneraient le tournant majeur intervenu au sein de la Conférence des évêques italiens depuis quelques années : la contestation grandissante du dialogue avec l'islam. Le premier signe de cette « révolution » avait en effet été donné par l'évêque de Côme, Alessandro Maggioloni, dans un article très remarqué publié en janvier 2003, sous le titre « L'Evangile, ultime rempart contre l'islam ». (« Il Vangelo, ultima barricata contro l'Islam », Il Giornale 13 janvier 2003). La question est à présent de savoir si cette révolution « néoconservatrice » va être poursuivie par le nouvel évêque de Rome.

La politique traditionnelle du Vatican vis-à-vis de l'islam a en effet reposé depuis un demi-siècle sur deux piliers. Le premier est celui du dialogue interreligieux, qui exprime l'idée d'un front commun des religions monothéistes face à la sécularisation et au « vide spirituel » de la société de consommation. Le second était une attitude de pragmatisme politique, en vertu de laquelle l'islam était considéré comme un allié face à la menace communiste. C'est en faisant le même calcul géostratégique que les Etats-Unis ont soutenu pendant plusieurs décennies les régimes musulmans les plus rétrogrades et les mouvances islamistes les plus radicales, jusqu'à ce que les attentats du 11 septembre leur fassent faire une volte-face de 180 degrés.

Le Vatican va-t-il lui aussi réviser sa politique étrangère ? Certains signes permettent de le penser. Ainsi, le successeur de Jean Paul II a déclaré, lors de sa première audience générale sur la place Saint-Pierre, qu'il avait choisi le nom de Benoît en référence au saint patron de l'Europe, qui « représente un point de repère fondamental pour l'unité de l'Europe et un rappel puissant des incontournables racines chrétiennes de sa culture et de sa civilisation ».

Cette déclaration dénuée de toute ambiguïté pourrait inaugurer un changement de politique du Vatican, et une attitude plus ferme face à l'islamisation de l'Europe. Un premier signe annonciateur d'un possible changement de politique avait été donné il y a dix-huit mois, avec la parution d'un article très critique envers l'islam dans la revue Civilta Cattolica, qui passe pour être l'organe officieux du Saint-Siège. L'auteur de cet article, Giuseppe de Rosa, affirmait notamment que l'Europe avait « vécu sous la menace constante [de l'islam] pendant près de mille ans ».

A l'heure où l'objectif de conquérir l'Europe est énoncé haut et fort par les dirigeants islamistes - tel le sheikh Qaradawi, président du « Conseil européen pour la fatwa », déclarant que l'islam retournera en Europe et que les Européens se convertiront à l'islam, ou le prédicateur Tariq Ramadan, qui parle avec mépris de la « supercherie judéo-chrétienne » - le rappel des racines chrétiennes de l'Europe, venant de la Place Saint-Pierre de Rome, pourrait donner le premier signal d'une volonté de reconquête.

Sunday, May 08, 2005

L'homme européen du vingt-et-unième siècle sera-t-il musulman ?


La parution simultanée d'un livre d'entretiens entre l'ancien ministre des Affaires étrangères français, Dominique de Villepin, et l'écrivain Jorge Semprun, intitulé L'Homme européen, et d'une monumentale Histoire de la diplomatie française, est l'occasion pour l'ancien locataire du Quai d'Orsay d'exposer, dans le Figaro, les principes directeurs de la diplomatie française depuis plusieurs siècles. Son propos permet de comprendre les motivations profondes de la politique étrangère française.

Dans les colonnes du même journal, Jacques de Saint-Victor (auteur d'une biographie de la comtesse du Barry, maîtresse de Louis XV) recense ces deux ouvrages, de manière très laudative. L'histoire de la diplomatie française montrerait, selon lui, que la France a toujours, depuis Louis XV, cherché à appliquer la politique "d'un équilibre européen qui voulait rompre avec [celle] des ambitions territoriales". Et M. de Saint-Victor de citer à ce propos le mot célèbre de Clémenceau, pour qui la France serait le "soldat de l'idéal"…

La diplomatie, on le sait bien, est souvent l'art d'habiller les ambitions et les intérêts sous des noms plus nobles, et les diplomates français sont des orfèvres en la matière. On se souvient comment M. de Villepin raillait les prétentions américaines à combattre pour la liberté en Irak… Pourtant ce même Villepin affirme, sans la moindre ironie, que le "trait déterminant du génie politique français n'est pas l'obsession de la puissance ou le goût de la domination, mais la quête de l'universel" !

On peut bien entendu écarter du revers de la main cette déclaration, dont la grandiloquence frise le ridicule (mais celui-ci ne tue pas, surtout les ministres des Affaires étrangères…). Monsieur de Villepin, en effet, se targue de n'être pas seulement un politique, mais aussi un homme de lettres et un poète, imitant ses prédécesseurs au Quai d'Orsay, depuis Lamartine jusqu'à Saint-John Perse, auxquels il ne craint pas d'être comparé.

Mais il y a dans cette affirmation plus que la simple expression de l'orgueil démesuré d'un politicien français, qui regarde la France actuelle à travers les verres déformants de l'histoire d'une grandeur depuis longtemps passée. M. de Villepin s'enivre de belles paroles, en vantant "l'influence des idées françaises" parmi lesquelles il cite, pêle-mêle, "le respect des droits de l'homme, l'exception culturelle et l'égalité entre les hommes" (valeurs que la France ferait bien d'exporter dans les pays arabo-musulmans, au lieu d'importer leurs conceptions très particulières), ou en affirmant que "beaucoup de peuples comptent sur nous" (les peuples libanais ou irakien par exemple ?).

La "quête de l'universel", dont M. de Villepin fait l'étendard de la politique étrangère française, pourrait fort bien expliquer pourquoi la France qu'il incarne a choisi le camp des pires dictatures arabes, contre celui de la démocratie représenté par les Etats-Unis et par Israël. Il se pourrait même que cet "universel" que les occupants successifs du Quai d'Orsay prétendent incarner sur la scène internationale, corresponde de manière très précise à un autre universalisme, à vocation totalitaire, celui de l'islamisme conquérant.

Si, comme le dit M. de Villepin, "l'universel, c'est la paix sans le renoncement", alors on comprend pourquoi la France se fait le champion du projet Eurabia, décrit et analysé par l'historienne Bat Ye'or. Car c'est précisément ce que l'islam conquérant de ce début de vingt-et-unième siècle promet aux dirigeants français et européens, assoiffés de "paix" et de grandeur, et aveuglés par leur détestation maladive de l'Amérique et d'Israël : la pax arabica, contre la soumission aux exigences politiques du "dialogue euro-arabe".

Tout comme ces élites françaises qui croyaient, en 1940, que l'avenir de la France passait par une alliance avec le "Reich de mille ans", certaines élites de la France actuelle - dont M. de Villepin est le prototype - pensent que l'alliance avec le monde arabo-musulman contre les Etats-Unis et contre Israël servira les intérêts de la France, tout en répondant à sa "quête de l'universel". Dans ces circonstances, l'homme européen espéré par Villepin et Jorge Semprun - qui fut autrefois mieux inspiré - pourrait tout à fait être musulman, et réciter bientôt, non plus des vers de Lamartine ("ô temps, suspends ton vol..") mais des sourates du Coran.
Paul Landau

Friday, May 06, 2005

LE NOUVEAU NEGATIONNISME par Anne-Marie Delcambre , islamologue et professeur d’arabe .

LE NOUVEAU NEGATIONNISME par Anne-Marie Delcambre , islamologue et professeur d’arabe .

Tout le monde est d’accord pour stigmatiser le négationnisme d’extrême-droite , à savoir la position de ceux qui nient ou minimisent le génocide des juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale , et notamment l’existence des chambres à gaz . Or nous sommes confrontés aujourd’hui à un négationnisme d’un genre nouveau . Il s’agit de la position de ceux , musulmans ou islamophiles , qui nient ou minimisent le caractère violent et guerrier de l’islam . C’est ici qu’intervient l’affaire Bat Yé’or . Les faits sont les suivants : le 10 mars 2005 l’historienne Bat Yé’or parle dans le journal « Le Point » de son dernier ouvrage « Eurabia » .L’interview est suivi d’un article de Malek Chebel intitulé « Ne semez pas la confusion » proprement insultant pour une historienne mondialement connue , citée dans tous les ouvrages honnêtes qui entreprennent de traiter le problème du statut juridique du non-musulman en terre d’islam.

Le titre de l’article annonce la couleur négationniste « Ne semez pas la confusion » . C’est curieux comme ce titre me rappelle ce verset coranique « Ne semez pas la corruption sur la terre » qui s’adresse aux juifs (sourate 5 , verset
69/64 ) :« Ils s’évertuent à semer le scandale sur la terre alors qu’Allah n’aime pas les Semeurs de scandale » . Malek Chebel dans le journal « La Croix » avait déjà cité ce verset pour démontrer qu’aucune guerre n’est sainte en islam et que ce sont les juifs qui allument le feu de la guerre « Chaque fois que fut allumé un feu pour la guerre , Nous l’éteignîmes » Et c’est Allah qui parle !

Mais là où il ne s’agit plus de non-dit coranique sous-jacent mais de véritable attaque ad hominem c’est lorsque Malek Chebel réduit en cendres la crédibilité scientifique de Ba Yé’or . : si l’on considère que l’Histoire est une science , dit-il , elle demande des « historiens sérieux , formés et surtout non complaisants » . Mais si l’on considère l’histoire comme un récit « les idéologues de mauvais augure ont le loisir de semer la confusion et le doute » .Malek Chebel ne laisse à Bat Yé’or aucune porte de sortie « scientifique » . Elle est dans le premier cas une historienne pas sérieuse , pas formée et surtout complaisante et dans le deuxième cas une idéologue sinistre qui peut à son aise faire son sale travail de démolition !
Mais là où Malek Chebel veut en venir – et il y vient vite – c’est assimiler Bat Yé’or à Oriana Fallaci . Ce n’est pas une vraie historienne , une historienne scientifique . Elle raconte n’importe quoi comme une journaliste , elle est emportée par sa haine de l’islam . Alors que Malek Chebel n’a certainement jamais rencontré Bat Yé’or il écrit « Il n’est question que d’émotion » « d’une propagande qui parle au nom d’un passé révolu et qui vise à condamner collectivement les Arabes » . Une femme émotive , menée par sa sensibilité et son émotivité , la fameuse image qui ressort de tous les textes de la grande période classique qualifiée par ce petit monsieur « d’âge d’or » : la femme assimilée à l’enfant et à l’eunuque , émotive et instable , pleurant facilement et mangeant tout le temps . Pauvre Bat Yé’or , si sérieuse , admirée par son mari , son plus fidèle supporter . Mais que cette savante se rassure . Monsieur Chabel qui ne me connaît pas , lors d’un salon du livre à Toulon m’a littéralement insultée en me qualifiant de « fragile » . ! Même les ecclésiastiques présents à la conférence , pourtant pétris de charité chrétienne , me conseillèrent de porter plainte . Mais que peut-on faire contre la calomnie , c’est la seule défense des faibles !

Cependant il faut croire que Bat Yé’or joue le rôle de catalyseur et polarise toute l’agressivité de cet éminent anthropologue , psychanalyste , sociologue , psychologue . Il s’attribue même la qualification d’islamologue . Je crois que s’il progresse je le verrai bientôt devenu professeur d’arabe ! . Non seulement Bat Yé’or n’est pas une vraie historienne mais c’est une juive ingrate . L’article très habilement établit un parallèle entre « la magnanimité de l’islam classique , celui des Lumières .. et les Rois catholiques qui ont spolié les Juifs « Bat Yé’or ne fait que prendre prétexte de la déliquescence du monde arabe actuel pour régler des ardoises anciennes » Fine mouche le Malek Chebel , il sait qu’en écrivant cela il va toucher une corde sensible chez les Juifs de gauche qui portent toujours en eux le souvenir de l’Inquisition et du déplorable traitement des Juifs en chrétienté. Mais Malek Chebel est un habile homme , il ne prolonge pas trop l’attaque . . Brusquement il affecte de revenir à une objectivité sans faille « les faits , rien que les faits , et pas de subjectivisme élastique , ni d’opportunisme à bas prix » . Pourtant Malek Chebel n’abandonne pas sa proie . Il revient tel un roquet qui ne veut pas lâcher son os . Il veut disqualifier totalement cette historienne qui l’empêche de vendre sa marchandise : l’islam des lumières , mille fois plus tolérant que le christianisme médiéval . Et lentement on sent poindre dans l’article le mépris , ce mépris que les musulmans réservaient, à la belle époque classique , aux dhimmis , ces non musulmans tout juste bons à payer en étant humiliés « Le prétendu travail de Bat Yé’or jette de l’huile sur le feu » et voici le coup le plus bas « heureusement que les Maures du Maghreb accueillirent avec bienveillance les nombreux juifs pourchassés ! » Bat Yé’or fait partie de ces « revanchards » qui osent critiquer leurs anciens bienfaiteurs . Ingrate et comme si cela ne suffisait pas au palmarès des défauts , elle est calculatrice , intéressée « tout est calculé , adroit » . « On négocie pour avoir du succès »ce qui n’est guère probable ! Bat Yé’or saura que seuls les livres de Malek Chebel méritent d’être des succès de librairie !Ils sont tellement scientifiques ! Il faut que ce prétendu psychanalyste fasse attention , la mégalomanie le guette !

Malek Chebel voulait la mort scientifique de Bat Yé’or . Certains lecteurs du journal « le Point » ne se sont pas trompés quand ils ont parlé d’assassinat de Bat Yé’or . Pourtant Malek Chebel devrait se montrer plus charitable . Il sait ce que cela fait d’être « démoli » par la critique . .Michel Onfray , dans son « Traité d’athéologie »[1]dénonce le « Dictionnaire amoureux de l’islam » de Malek Chebel , « partial et partiel » : l’islam , religion de paix et d’amour( !) qui tolère le vin ( « il n’a jamais été question de supprimer radicalement le vin , mais seulement d’en dissuader les bons croyants » , p 617) , voilà un singulier paradoxe en évitant dans les entrées de ce dictionnaire vraiment amoureux : Guerre , Razzias , Combat , Conquêtes , Antisémitisme – ce qui constitue tout de même , dit Onfray , l’essentiel de la vie du Prophète et de l’islam pendant des siècles , en revanche il y a un texte sur les Croisades . Même remarque sur l’absence d’entrée à Juifs , Antisémitisme .. Quant à la sexualité , on lira avec bonheur : « L’islam a libéré le sexe et en a fait un lieu d’extrême sociabilité » p 561[2]

Pour un Michel Onfray qui a remarqué que jamais le texte même du Coran n’était critiqué pas plus d’ailleurs que le prophète de l’islam et que ledit Malek Chebel était un défenseur de sa culture , sans objectivité aucune , que de pauvres lecteurs abusés par ses informations partielles , tronquées , partiales ! Ce prestidigitateur extrêmement habile et fin connaisseur du monde occidental jouait sur du velours en écrivant un article destiné à des non spécialistes . Il savait qu’on risquait de le croire , d’autant plus qu’il cite des historiens juifs pour prouver qu’il n’y aurait jamais eu de discrimination envers les non musulmans . Seulement il cite imprudemment Bernard Lewis ; à moins que , parfaitement cynique , il n’ait eu l’audace de penser que son mensonge découvert il serait trop tard pour effacer ses propos négationnistes . Car Malek Chebel a honteusement menti ; et Bat Yé’or serait parfaitement en droit d’intenter un procès en diffamation au journal « Le point »
En effet j’ai attentivement consulté le livre de Bernard Lewis « Juifs en terre d’islam » , Champs-Flammarion , 2OO2 . Ce qu’écrit Malek Chebel est faux .
Bernard Lewis va aussi loin que Bat Ye’or dans la description de la condition du dhimmi :
p 29 « Selon son interprétation habituelle , la djizya n’était pas seulement un impôt , mais un instrument symbolique de SOUMISSION »
p 50 « l’injure est souvent violente . Les juifs sont traditionnellement qualifiés de singes et les chrétiens de porcs «
p 53 « les stigmates de cette infériorité sont multiformes … tel était également le but des réglementations marocaines qui obligeaient les juifs à aller pieds nus ou à porter des babouches de paille tressée chaque fois qu’ils s’aventuraient hors du ghetto »
Mais surtout Lewis reprend la thèse d’Antoine Fattal « le statut légal des non-musulmans en pays d’islam » , Beyrouth 1958

« Les dhimmis ne sauraient appartenir aux élites guerrières . Ils n’avaient pas le droit de monter à cheval et quand ils chevauchaient un âne ce devait être en amazone , comme une femme . Plus grave , le port des armes leur était strictement interdit … Ils n’avaient pas le droit de se défendre quand des gamins leur lançaient des pierres , forme de distraction qui , dans beaucoup d’endroits , s’est perpétuée jusqu’à nos jours »D’où ce sentiment d’insécurité et de précarité ( p54) p 58 « le statut des dhimmis était perçu comme VIL ET MEPRISABLE . Le dhimmi représentait aux yeux des musulmans l’archétype de l’inférieur et de l’opprimé »
Malek Chebel a menti et il l’a fait sciemment . Je le répète c’est avec plaisir que j’accepterais de témoigner dans un procès en diffamation . Mais ici je voudrais citer le grand savant Jacques Ellul qui a voulu rédiger la préface à la version anglaise du livre de Bat Yé’or[3] et qui écrit « « c’est pourquoi je considère cette étude comme tout à fait exemplaire et significative . C’est un livre qui apporte un avertissement décisif . Le monde islamique n’a pas évolué dans sa façon de considérer le non musulman , et nous sommes avertis par là de la façon dont seraient traités ceux qui y seraient absorbés . C’est une lumière pour notre temps »

C’est la réponse de Jacques Ellul à l’article négationniste de Malek Chebel , c’est la meilleure défense de celle dont le nom d’emprunt , Bat Yé’or , signifie en hébreu « fille du Nil » ; car toute la vie de cette femme , juive d’origine égyptienne , aura été un combat pour que les juifs et les chrétiens ne soient plus jamais assujettis à ce statut de seconde zone que l’islam , appliqué à la lettre , leur réserve . Ce que seul un juriste comme Jacques Ellul avait compris c’est que les droits du dhimmis étaient des droits seulement OCTROYES qui pouvaient donc être retirés . En préfaçant le livre de Bat Yé’or Jacques Ellul voulait donner un avertissement assez solennel . Cet avertissement il est à souhaiter que beaucoup l’entendent aujourd’hui.

Tuesday, May 03, 2005

Quand la presse française fait les yeux doux au Hezbollah


Un panégyrique du cheikh Nasrallah dans le journal Le Monde
Paul Landau *

L'article paru dans le quotidien français Le Monde du 2 mai 2005, intitulé sobrement "Hassan Nasrallah, l'homme du Parti de Dieu", s'apparente plus en réalité à un panégyrique qu'à une enquête journalistique véritable. Le portrait que dresse Patrice Claude du secrétaire général du Hezbollah libanais est celui d'un "petit homme barbu et rondouillard" et tout compte fait, plutôt sympathique. On imagine quel portrait ce même journaliste aurait pu faire, il y a soixante ans, d'un autre petit homme, moustachu, qui haranguait les foules avec autant de charisme et qui vitupérait les mêmes ennemis que ceux de Nasrallah aujourd'hui : l'Amérique et les Juifs.
Le journaliste du Monde reconnaît certes que le Hezbollah est considéré par les Américains, les Israéliens et bien d'autres gouvernements encore comme une "organisation terroriste" [les guillemets sont toujours de mise dans Le Monde lorsqu'il est question de terroristes arabes]. Mais il ajoute aussitôt que "l'homme qui guide le Hezbollah depuis treize ans est au contraire fêté au Liban comme un authentique résistant" [sans guillemets cette fois-ci…]. Il pourrait ajouter, au Liban, et aussi en France. Car la parution de cet article élogieux ne doit rien au hasard, nous allons le voir.
Patrice Claude avoue pourtant que le chef du Hezbollah n'a pas que des amis au Liban. Mais, précise-t-il, "à l'extérieur [du pays du cèdre], son principal ennemi s'appelle Ariel Sharon" - détail qui ne peut que rendre Nasrallah sympathique au lecteur du quotidien de référence de l'intelligentsia française. Et le correspondant du Monde rappelle aussi que le précédesseur de Nasrallah à la tête du "Parti de Dieu", Abbas al-Moussaoui, a été tué avec "sa femme et leur petite fille de 3 ans, le 16 février 1992, par un missile US Hellfire tiré depuis un hélicoptère israélien qui les attendait au détour d'une route de montagne".
"C'est peut-être la seule fois où l'on a vu le cheikh pleurer" se souvient un vieil ami… Ce détail nous rappelle que tous les hommes, même le chef du Parti de Dieu libanais dont "la classe politique toute entière, des chrétiens aux sunnites en passant par les druzes, loue régulièrement le charisme, l'intelligence politique et la trempe d'homme d'Etat", ont des glandes lacrymales. Et Patrice Claude ajoute encore, pour parachever son portrait de Nasrallah, que son fils de dix-huit ans a été tué au Liban sud dans un "raid de de la Résistance islamique - branche armée du hezbollah - contre la force israélienne occupante".
C'est seulement en lisant le dernier paragraphe de ce panégyrique ("éloge sans réserve ou excessif", selon le Petit Larousse), que le journaliste du Monde nous livre la clé d'explication de cet article à la gloire du chef du Hezbollah. "De l'avis général au Liban - écrit Patrice Claude - l'organisation a réussi sa mutation d'organisation de résistance en parti politique. Le plus puissant et le plus discipliné du pays".
Quelques semaines avant la parution de ce morceau d'anthologie, Le Figaro avait lui aussi pris part à la campagne de relations publiques du Hezbollah en France, en ouvrant généreusement les colonnes de sa page "Opinions" au même cheikh Nasrallah. Cette concomitance amène à s'interroger sur l'engouement soudain de la presse française, toutes tendances connues, pour le Hezbollah. Israël mène en effet actuellement campagne pour que l'Union européenne inscrive le Parti de Dieu sur la liste des organisations terroristes, à l'instar des Etats-Unis, qui n'ont pas oublié l'assassinat de 241 de leurs Marines à Beyrouth en 1983.
Or la France est à la tête des pays européens qui s'opposent à une telle initiative. Le Ministre des Affaires étrangères Michel Barnier a récemment déclaré devant la commission des affaires étrangères du Sénat : "ce mouvement présente une double dimension : une branche politique et parlementaire, mais aussi une branche armée à l'égard de laquelle la France n'a aucune complaisance. L'inscription du Hezbollah sur la liste européenne des mouvements terroristes aurait-elle pour effet de décourager les partisans de la violence ? Il paraît préférable, face aux graves tensions qui affectent le Liban, de ne pas chercher pour le moment à trancher cette question".

On comprend, au vu de la position d'atermoiement du Ministre des affaires étrangères de la France, pourquoi les médias français font aujourd'hui les yeux doux au chef du Hezbollah. Une fois de plus, preuve est faite des liens de subordination et de dépendance entre la diplomatie et la presse en France. Et de la sympathie qu'éprouvent de nombreux dirigeants et journalistes français pour les pires ennemis de l'Etat juif.

Sunday, May 01, 2005

La face cachée de l'UOIF

La face cachée de l'UOIF par Jacqueline Remy, Boris Thiolay

Démocratie, modernité, laïcité: l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) est-elle un mouvement aussi respectueux qu'elle le prétend? La politologue Fiammetta Venner, qui publie - chez Calmann-Lévy - OPA sur l'islam de France, un livre percutant sur ce dossier, affirme le contraire. L'Express l'a rencontrée

Au début des années 1980, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) était un petit cercle d'étudiants et d'activistes islamistes en exil. Depuis 2003, cette fédération d'associations est devenue un interlocuteur privilégié de l'Etat français pour la gestion de l'islam en France. L'UOIF occupe actuellement un tiers des sièges au Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance officielle mise en place en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. Comment expliquer une telle ascension en deux décennies? Quelles sont les véritables intentions de l'UOIF et de sa «maison mère», l'Union des organisations islamiques en Europe, basée à Londres? Quel est le poids réel de cette mouvance qui puise ses références dans la doctrine des Frères musulmans? Dans une enquête très fouillée, publiée chez Calmann-Lévy - OPA sur l'islam de France. Les ambitions secrètes de l'UOIF - Fiammetta Venner, politologue et cofondatrice de la revue ProChoix, met en lumière la face cachée de cette organisation et ses liaisons dangereuses. En exhumant l'ensemble des documents publics émanant de l'UOIF, en décortiquant les déclarations officielles et les prises de position plus discrètes de ses principaux dirigeants, en confrontant leur discours de façade aux archives et aux racines historico-politiques de la frange djihadiste de l'islam, elle dénonce la tentation hégémonique d'un mouvement qui, en réalité, ne représente qu'une infime partie des musulmans de France. Instrumentalisation de la religion à des fins politiques, hostilité à la laïcité et à l'intégration, relents d'antisémitisme, fatwas belliqueuses, financements douteux: la matrice idéologique de l'UOIF est inquiétante. Alors que l'élection pour le renouvellement du Conseil français du culte musulman est prévue au mois de juin prochain, Fiammetta Venner livre en exclusivité pour L'Express les points forts de son enquête. Contactés à plusieurs reprises pour donner leur point de vue, les dirigeants de l'UOIF n'ont pas souhaité s'exprimer.

Pourquoi accorder une telle importance à une organisation comme l'UOIF? Pèse- t-elle si dangereusement sur la société française? Depuis qu'en 2003 il a fait de l'UOIF un interlocuteur de l'Etat au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), Nicolas Sarkozy prétend qu'il vaut mieux intégrer cette mouvance plutôt que la rejeter. Ma question de départ est la suivante: qui sort gagnant du processus, la République ou l'UOIF? Quand Sarkozy appelle les cadres de l'UOIF des musulmans «orthodoxes», il nous fait un peu le même cadeau empoisonné que celui de Mitterrand avec le Front national. Il ouvre les micros et confie à la société civile le soin de créer des contre-pouvoirs. L'UOIF représente non pas la mouvance «orthodoxe», mais la mouvance intégriste de l'islam. Il y a une différence entre la radicalité cultuelle - les traditionalistes chez les catholiques, les fondamentalistes chez les protestants, les orthodoxes pour les juifs - et la radicalité politique: l'intégrisme. La radicalité cultuelle est une option personnelle, une pratique privée sur laquelle personne n'a à se prononcer. La radicalité politique, en revanche, doit être source de débat. Nous avons tendance à confondre les deux, surtout quand il s'agit de l'islam. L'UOIF est porteuse d'une radicalité politique, l'intégrisme, et elle est en cela une organisation dangereuse, d'autant plus dangereuse qu'elle prétend incarner un islam majoritaire en France et en Europe. Si elle représentait vraiment un tiers des musulmans de France, comme son poids au CFCM le laisse croire, cela signifierait que, sur 3,5 millions de personnes potentiellement musulmanes en France, au moins 1 million seraient intégristes: c'est absurde! Il n'y a pas 1 million de sympathisants de l'UOIF en France.
SUITE http://livres.lexpress.fr/entretien.asp/idC=10080/idR=5/idG=8

L'islamisation du discours politique en France

L'islamisation du discours politique en France
La guerre en Irak, les Etats-Unis et la théorie du complot juif

Un des phénomènes les plus inquiétants de l'évolution du discours politique en France au cours des dernières années, qui est presque totalement passé inaperçu, à de rares exceptions près, est le retour de la thématique ancienne du complot juif. Le philosophe Pierre-André Taguieff a montré comment le thème de la « guerre pour les Juifs » était réapparu en France au moment de la seconde guerre du Golfe 1. Mais son analyse portait surtout sur les franges extrêmes de l'échiquier politique français. Or, nous allons le voir, ce discours s'est installé au cœur de la vie politique française, et n'est plus l'apanage des mouvements et partis extrémistes de tous bords.
Un exemple récent est fourni par le quotidien Le Monde, qui relate l'annulation du visa de travail de Tariq Ramadan aux Etats-Unis. Dans son article en première page, Xavier Ternisien rapporte que selon le Chicago Tribune, quotidien américain qui a le premier révélé l'annulation du visa de Ramadan, "plusieurs universitaires soupçonnent que la décision du gouvernement d'exclure Ramadan pourrait avoir été influencée par des organisations juives, qui ont mené une campagne contre les universitaires et les intellectuels dont les positions sur l'islam et le Proche-Orient sont en opposition avec les leurs".

En clair, nous dit Ternisien, la décision du Homeland Security Department (Ministère américain de la Sécurité intérieure) a été prise en réalité, non pas par les fonctionnaires en charge de la sécurité des Etats-Unis, mais par les « organisations juives » qui, en coulisse, tirent les ficelles de la politique américaine… Cette affirmation est bien entendu totalement tirée par les cheveux et témoigne d'une méconnaissance totale des mécanismes de prise de décision au sein de l'administration américaine. Mais, en se contentant de rapporter une citation d'un journal américain qui fait lui-même état des « soupçons » de « plusieurs universitaires », Le Monde instille dans le paysage politique français l'idée que les Juifs dirigent la politique des Etats-Unis, première puissance mondiale, à laquelle ils dictent leurs décisions fondées sur les intérêts d'Israël et du « sionisme international ».

Le plus étonnant, c'est que ce genre d'« information » ne fait plus réagir personne en France, tant le discours politique a été gangrené au cours des dernières années par la thématique du complot juif mondial, notamment depuis la guerre en Irak. La guerre en Irak est en effet un moment-clé de la vie politique française et internationale. C'est le moment où se cristallise une nouvelle obsession anti-américaine et anti-israélienne, qui utilise comme motif permanent le double thème de la « guerre pour le pétrole » et de la « guerre pour Israël », version actualisée de la « guerre pour les Juifs ». Dans ce contexte, le nom de Paul Wolfowitz a été utilisé à de nombreuses reprises pour établir la « preuve » d'un complot sioniste au sein de l'administration américaine…
Comme le rappelle Taguieff, les Israéliens, et plus largement les représentants du mythique « sionisme mondial », ont été accusés d'être à l'origine de la nouvelle guerre d'Irak. Des listes de conseillers du président américain, « juifs », « sionistes » ou « proches du Likoud », ont circulé sur Internet, et la presse, même la plus respectable, a relayé ces accusations ou ces soupçons, visant un Bush manipulé par « les Israéliens » ou des « conseillers juifs » 2.

Mais la version la plus élaborée de cette énième variante sur le thème du « complot juif mondial » a curieusement été publiée par le journal Le Monde, dans un article d'Alain Frachon et Daniel Vernet paru le 15 avril 2003, sous le titre « Le stratège et le philosophe ». Leo Strauss était inconnu du grand public en France comme aux Etats-Unis, jusqu'à ce que certains propagandistes le désignent comme le « père spirituel » et l'inspirateur de la politique de Bush. Philosophe allemand réfugié aux Etats-Unis dans les années 1930, Leo Strauss est un spécialiste de la philosophie politique classique et un commentateur assidu des textes d'Aristote et de Platon. Par un raccourci très contestable, l'article du Monde affirme que « la philosophie de Strauss avait servi de substrat théorique au néoconservatisme », faisant ainsi de Leo Strauss le maître à penser de George W. Bush. Et pour étayer cette thèse, Alain Frachon et Daniel Vernet établissent eux aussi une liste des conseillers juifs du Président américain, comportant les noms de Richard Perle, Paul Wolfowitz, ou Douglas Feith, qui se « rejoignaient tous dans un soutien inconditionnel de la politique menée par l'Etat d'Israël » et se « plaçaient sans sourciller derrière Ariel Sharon ». Enfin, ils écrivent que les néoconservateurs ont « tissé leur toile à Washington », vocabulaire qui ne peut manquer d'évoquer chez le lecteur l'idée d'un vaste complot…

Repris et cité par d'autres journaux (pour qui Le Monde constitue une référence) l'article de Vernet et Frachon a ainsi diffusé dans l'opinion publique française l'idée selon laquelle la guerre en Irak était inspirée par les conseillers juifs de Bush, idée auparavant limitée à des cercles très marginaux en Occident (comme celui de Lyndon Larouche, extrémiste américain dont les thèses sont relayées en France par le groupe Solidarité et Progrès de Jacques Cheminade). Or cette idée, autrefois marginale en Europe, est un des leitmotive du discours islamiste, comme le montre l'extrait suivant d'un sermon prononcé par le Cheikh Yusuf Al-Qaradawi au Qatar, le vendredi 4 avril 2003 3. Yusuf Al-Qaradawi préside le « Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche », installé en Angleterre, et siège aussi au « Conseil scientifique » du principal centre de formation d'imams en Europe, installé à Saint-Léger-de-Fougeret dans la Nièvre. Il est une des figures de proue de l'islamisme contemporain, et un de ses disciples les plus brillants n'est autre que Tariq Ramadan.

Ce qui se passe en Irak ne sert en réalité que le sionisme et Israël. Le premier à profiter de tous ces événements est Israël. L'affaiblissement de l'Irak est un renforcement d'Israël, la destruction des armes de l'Irak sert les intérêts d'Israël. Tout ce qui se passe sert les intérêts d'Israël. Cherchez Israël, cherchez le sionisme derrière tous les événements et vous verrez que leur main invisible intervient dans grand nombre d'affaires 4.

La juxtaposition du sermon du vendredi de Qaradawi prononcé au Qatar, et des articles de Frachon, Vernet et Ternisien dans Le Monde fait apparaître ce phénomène inquiétant, encore ignoré des politologues, qui peut être décrit comme l'islamisation du discours politique français. Par un étrange retour de boomerang, la thématique du complot juif mondial, autrefois exportée par l'Europe dans le monde arabo-musulman avec les tristement célèbres Protocoles des Sages de Sion, revient aujourd'hui en Europe et en France, où elle s'impose comme une évidence incontestable dans des partis politiques et dans des salles de rédaction de grands quotidiens.
Paul Landau


Notes
1. Voir l'excellent dossier publié par le Crif, P.A Taguieff, « Néo-pacifisme, nouvelle judéophobie et mythe du complot », Les Etudes du Crif, Numéro 1.
2. P.A. Taguieff, « Entre la "guerre juive" et le "complot américano-sioniste" », L'Arche, mai 2003.
3. Ce sermon a été traduit en français sur le site islamophile.org.
4. Pour une analyse du thème de la « main invisible » dans le discours politique arabe, voir Daniel Pipes, The Hidden Hand, Middle East Fears of Conspiracy, St. Martin's Griffin, New York 1998.

Eurabia: The Euro-Arab Axis

The Arabization of Europe
MORDECHAI NISAN, THE JERUSALEM POST
Apr. 28, 2005
Eurabia: The Euro-Arab Axis
By Bat Ye'or
Fairleigh Dickinson University
322pp., $23.95

How is it that ten percent of France is Muslim, 15% of Denmark is Muslim and close to half of the births in the next generation will be Muslim? Imperious mosques and lawless Muslim neighborhoods dot the landscape of major European cities. And Spain willingly and meekly chose to acknowledge its Islamic past, and that pro-Arab opinion is rampant and anti-Israeli sentiment vitriolic.
European appeasement apparently did not end in Munich in 1938.
Eurabia: The Euro-Arab Axis by Bat Ye'or is a definitive work for the early 21st century. Its very title and subtitle brim with insight and controversy: that Europe is merging with Arabism and, with Arabia, constitutes a bellicose and anti-democratic force.
In her earlier books, Bat Ye'or surveyed, documented and exposed the phenomenon of Jewish and Christian dhimmi subjugation under Islam in the lands of the Middle East and beyond. This aspect of Muslim/non-Muslim relations, largely concealed by intent and ignorance, evoked interest and debate.Now this new work, 270 pages accompanied by eight documentary appendices, extends the examination of dhimmitude into the heart of Europe itself.
Central to this book is a sweeping political conception and moral indictment. The evolving ties between Europe and Muslim North Africa/Arab Middle East, within the nexus of bureaucratic machinations in Brussels and various European capitals, have transformed Europe into an appendix of the Arab-Muslim world.
Europe, manifesting anti-Semitism, anti-Americanism and an anti-Israel bias, has succumbed to Arab policy dictates. The former European Commission and now the EU has opened its media, schools and parliaments to singularly Arab views, whereby a Euro-Mediterranean partnership provides the political umbrella for dhimmitude in Europe.
The former European imperialism in Muslim lands has been replaced by Muslim colonization and political domination of Europe. A critical sign of the latter development was Europe's cultivation of the terrorist Palestine Liberation Organization beginning in the 1970s, and its demonization of Israel's existence and policies as the Jewish state faced savage Palestinian warfare.
For Bat Ye'or, Islamic jihad denies dhimmis their dignity and right to self-defense. A mental process evolves with the internalization of self-degradation by the dhimmi victims who, over time, deny themselves the right to even criticize Islam and Muslim policies. Instead, the dhimmis – European countries like France – symbolically pay the poll tax (jizya) in the currency of investments in the Arab world, diplomatic support for the Arab world, and by turning a blind eye to Islamic and Palestinian terrorism. In return for which Europe expects to be rewarded with security, business contracts and oil, while spared the wrath of Islam.
The newest development is that Christians are humiliated and physically harmed not only in Muslim lands, as in Iraq and Egypt, but also in their own European countries. Meanwhile, the persistent abuse by Palestinian Muslims of Christians in Bethlehem has aroused neither moral protest nor political intervention from Europe.
Of course, Muslim terror is responsible for 9/11, the Bali bombing in Indonesia in 2002, and the 2004 Madrid train explosions. In March 2003, Europe demonized President Bush for the war against Saddam Hussein in Iraq, while the Euro-Med Report of the same year called the southern Mediterranean zone part of "Europe's space."
A profound psychological change has swept Europe. With the Palestinization of Jesus, Christianity is being Islamicized. European history is being sterilized by propagating the idyllic "Andalusian myth" of ancient Islamic tolerance and Muslim-Christian symbiosis in the Middle Ages. European politics have been hijacked by the Arabs, who have successfully bound a tired and battered continent to the Islamic jihad against Israel.
Many examples exist of Muslim conquest, colonization and conversion, culminating in the historical transformation of countries and peoples into lands of dar al-Islam. Christian Egypt became Muslim-Arab Misr; Zoroastrian Persia became Muslim Iran; Hellenic Christian Anatolia was Turkified and Islamicized. Byzantine Constantinople became Ottoman Istanbul. Marseille is Maghrebized, and the days of jihad are far from over.
North Africa and the Arab countries were to be merged with Europe, yet Europe itself was instead submerged by the Arab-Muslim world.
Consistent with this political and cultural trend was the March 2005 London Conference at which, under the political orchestration of British Prime Minister Tony Blair, the post-Arafat Palestinian Authority Chairman Mahmoud Abbas was confronted with no European demands to dismantle the Palestinian terrorist organizations, though he was awarded millions of dollars.
For Israel, considered by a recent European survey to be the greatest threat to world peace, salvation will not come from the Old World, and perhaps not from the new one, either. Indeed, Europe's support for Arab "peace" is equated with Israel's extinction, as Bat Ye'or points out. Her book is a must read, certainly for Israelis who want to be apprised of the broader motives and mechanisms of European interest in the Arab-Israeli "peace process."

The writer lectures on the Middle East at the Hebrew University of Jerusalem.