Monday, June 26, 2006

Soutenons Messaoud Bouras dans son combat contre l'islamisme en France !

Les médias français se sont récemment fait l'écho du combat de Messaoud Bouras contre les islamistes à Lille et Roubaix, villes devenues les "capitales françaises de l'islamogauchisme". Messaoud Bouras, 42 ans, fils d'une famille ouvrière kabyle installée en France dans les années 1960, est devenu le symbole d'un combat contre l'islamisme qu'il mène depuis de nombreux mois en solitaire. Tout a commencé lorsqu'il a compris que les Verts étaient devenus le fer de lance du lobbying politique islamiste à Roubaix, et qu'il a dénoncé les alliances locales avec des associations islamistes proches de Tariq Ramadan.

Poursuivi en diffamation par l'association islamiste "Rencontre et Dialogue", défendue par Me Jean-Louis Brochen (le mari de Martine Aubry), Messaoud Bouras est devenu l'homme à abattre pour les islamistes locaux. Ayant gagné son procès en première instance, il a dû se pourvoir en cassation après que l'association islamiste ait eu gain de cause en appel. Ces procédures coûteuses nécessitent beaucoup de temps et d'argent, et Messaoud Bouras est seul. Aussi a-t-il lancé un appel à l'aide, dont je me fais ici le relais.
Pour comprendre l'importance de soutenir Messaoud Bouras dans son combat, je voudrais relater ici les circonstances dans lesquelles j'ai fait sa connaissance. Chercheur indépendant installé à Jérusalem depuis de nombreuses années, j'ai commencé à m'intéresser en 2004 au financement du Hamas en Europe, et en France notamment, par le biais d'associations "caritatives" menant des collectes au sein des populations musulmanes. Lorsque j'ai découvert qu'une association, le CBSP (Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens) menait ouvertement une collecte au bénéfice des orphelins du Hamas, sur le sol français, j'ai voulu attirer l'attention d'organisations de lutte contre l'antisémitisme, pour tenter de mettre fin à ce scandale.
Après avoir vainement alerté le CRIF, ainsi que d'autres associations juives, j'ai finalement décidé de publier sur Internet un article contre la collecte du CBSP. Cet article a été publié sur le site Aroutz 7 en mars 2005 et repris depuis par d'autres sites Web. Mais cet appel n'a pas donné de résultat concret immédiat, puisque le CBSP a poursuivi ses activités en toute impunité. La découverte, en février 2006, de documents du CBSP au domicile de l'assassin d'Ilan Halimi, n'a pas suffi à modifier cette situation, et le CBSP a toujours pignon sur rue en France.
Toutefois, j'ai appris récemment de la bouche de Messaoud Bouras que celui-ci avait, de son côté, réussi à obtenir une victoire concrète, sur le fondement des documents et des articles que j'avais publiés concernant la collecte du CBSP. En janvier 2006, Messaoud a adressé une lettre ouverte à Mme Cécile Scavennec, conseillère municipale de la ville de Roubaix. Dans cette lettre, il attirait l'attention de la destinataire sur une brochure publiée par l'association Rencontre et Dialogue, qui faisait état d'une "opération de solidarité avec les orphelins palestiniens" menée en collaboration avec la ville de Roubaix et le CBSP...
Messaoud Bouras citait ensuite des extraits de mon article, dans lequel j'expliquais comment la collecte menée dans l'Hexagone par le CBSP s'inscrivait en réalité dans le cadre de la "campagne des 101 jours" organisée par le sheikh Qaradawi, idéologue islamiste basé au Qatar, qui est devenu célèbre par ses fatwas autorisant les attentats-suicides, y compris ceux commis par des femmes, contre les civils israéliens. Je concluais cet article en expliquant que chaque euro collecté en France par le CBSP pouvait ainsi se transformer en "bombes meurtrières et en boulons d'acier, destinés à transpercer la chair des femmes, hommes et enfants assassinés dans les cafés et les restaurants de Jérusalem, de Tel Aviv ou de Haifa..."
A la suite de cette lettre ouverte, le maire de Roubaix a pris la décision, lors du conseil municipal du 30 mars 2006, de ne pas accorder de subvention à l'association Rencontre et Dialogue, co-organisatrice de la collecte avec le CBSP. Cela signifie donc que Messaoud Bouras a réussi à obtenir sur le plan local, ce que j'ai vainement tenté de faire au plan national (en alertant les dirigeants de grandes associations juives) : entraver la collecte du CBSP au profit du Hamas.
Cette victoire, certes modeste, est cependant significative et riche d'enseignements. J'en tire pour ma part deux. Le premier, c'est qu'un homme seul peut combattre et vaincre les islamistes. Car ceux-ci se nourrissent des faiblesses de nos démocraties, et de l'inertie des pouvoirs publics. Le second, c'est que les adversaires les plus acharnés de l'islamisme en France, et ailleurs, sont souvent des hommes et des femmes d'origine musulmane, combattants anonymes qui risquent leur confort, leur santé et parfois leur vie pour lutter contre les islamistes. Messaoud Bouras est de ceux-là.
Si je revendique aujourd'hui le modeste privilège d'avoir contribué à cette victoire contre les islamistes de Roubaix, c'est uniquement pour que le mérite en revienne à celui qui est le véritable artisan de ce combat, qu'il mène courageusement et solitairement. C'est pourquoi j'invite tous ceux qui sont conscients de l'importance de ce combat contre l'islamisme en France à contribuer à la défense de Messaoud Bouras, en l'aidant à supporter les frais de sa procédure. (On peut contribuer en ligne sur son blog en cliquant sur le lien suivant http://www.messaoud-bouras.com/index.php/comment-faire-un-don). Notre liberté est à ce prix !

Notes
1. Judith Perrignon, "Les barbus le rasent", Libération, 1er mars 2006.
2. Paul Landau, "Arrêtons la collecte menée par le CBSP au profit du Hamas en France !", Aroutz 7, 25 mars 2005.

Tuesday, June 06, 2006

Analyse et commentaire de la Charte du Hamas, par Paul Landau

Depuis sa victoire aux élections de janvier 2006, le Hamas est mentionné quotidiennement par les médias. Mais il demeure à de nombreux égards un mystère pour l'observateur occidental. Comment concilier sa dimension politique et son recours au terrorisme ? Le Hamas peut-il renoncer définitivement à la violence et devenir un partenaire de négociation ? Pour répondre à ces questions cruciales, il est important d'en revenir aux fondements, et notamment à sa charte. La charte du Hamas, rendue publique le 18 août 1988, et demeurée en vigueur jusqu'à aujourd'hui, exprime l'idéologie, la conception du monde et les objectifs du Hamas. Il s'agit, comme nous allons le voir, d'un document à contenu politico-religieux plus que juridique ou organisationnel, qui éclaire la nature profonde et la filiation idéologique du mouvement islamiste palestinien 1.

Préambule et introduction

Le préambule de la charte est constitué d'extraits du Coran et de citations de penseurs islamistes. Il s'ouvre par les versets de la troisième Sourate du Coran (La famille d'Imran) : "Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et vous croyez à Allah. Si les gens du Livre croyaient, ce serait meilleur pour eux. Il y en a qui ont la foi, mais la plupart d'entre eux sont des pervers. Ils ne sauront jamais vous causer de grand mal, seulement une nuisance (par la langue) ; et s'ils vous combattent, ils vous tourneront le dos, et ils n'auront alors point de secours".

De prime abord, la charte du Hamas se place ainsi sur le terrain religieux, en opposant les musulmans, qualifiés par le verset de "meilleure communauté", aux "gens du Livre" (désignation traditionnelle des Juifs et des chrétiens dans le Coran), qui sont pour la plupart des "pervers"... "Où qu'ils se trouvent, ils sont frappés d'avilissement, à moins d'un secours providentiel d'Allah ou d'un pacte conclu avec les hommes. Ils ont encouru la colère d'Allah, et les voilà frappés de malheur, pour n'avoir pas cru aux signes d'Allah et injustement assassiné les prophètes, et aussi pour avoir désobéi et transgressé".

Mais les deux citations suivantes ajoutent une dimension beaucoup plus politique, en définissant l'objectif stratégique fondamental du Hamas : la destruction d'Israël : "Israël s'élèvera et restera en place jusqu'à ce que l'Islam l'élimine, comme il a éliminé ses prédécesseurs". Cette phrase est une citation du fondateur de l'organisation des Frères musulmans, Hassan al-Banna. Nous verrons plus loin comment la charte définit le Hamas par rapport aux Frères musulmans. Hassan al-Banna est souvent invoqué par le Hamas, et son portrait figure sur de nombreux posters et affiches, aux côtés de ceux des dirigeants du mouvement, le cheikh Yassine et Abdelaziz Rantissi (tous deux liquidés par Israël en 2004).

"Le monde islamique est en flammes. Il incombe à chacun d'entre nous de verser de l'eau, même très peu, afin d'éteindre autant de feu qu'il lui est possible, sans attendre que les autres agissent". Cette seconde citation émane du cheikh sunnite irakien Anjad al-Zahawi, membre des Frères musulmans. Elle exprime l'idée de l'urgence d'agir pour sauver le monde islamique, et également la conception, souvent développée par les islamistes, qu'il faut agir "sans attendre que les autres agissent", c'est-à-dire sans espérer parvenir à un consensus au sein du monde musulman.

L'Introduction de la Charte du Hamas précise encore les idées abordées dans le préambule, et notamment l'importance cardinale de la lutte contre les Juifs. "Ceci est la charte de la résistance islamique (Hamas). Elle révèlera son vrai visage, dévoilera son identité, définira ses positions, précisera ses objectifs, discutera de ses espérances, appellera au soutien de sa cause et à son renforcement, et à ce que les hommes rejoignent ses rangs".
"Car notre combat contre les Juifs 2 est extrêmement étendu et sérieux, à un tel point que tous nos loyaux efforts seront nécessaires, et que ceux-ci devront être suivis par d'autres mesures et renforcés par de nouveaux bataillons issus du riche monde arabe et islamique, jusqu'à ce que nos ennemis soient vaincus et que la victoire d'Allah soit établie".

En faisant du "combat contre les Juifs" la priorité du mouvement, la charte du Hamas s'inscrit dans la filiation idéologique et politique des Frères musulmans, dont l'antisémitisme virulent est un mélange d'antijudaïsme musulman traditionnel (que l'on retrouve dans certaines Sourates du Coran) et d'antisémitisme européen, fondé sur la théorie de la "conspiration juive". Nous verrons plus loin comment la charte du Hamas reprend à son compte les thèmes antijuifs - et notamment celui de la conspiration - qui ont été développés et popularisés dans le monde arabo-musulman par le théoricien des Frères musulmans, Sayyid Qutb 3.

Définition et objectifs du Hamas

Les deux premiers chapitres de la Charte (Articles 1 à 10) définissent l'identité du mouvement et ses objectifs. L'article 1 expose les "origines idéologiques" du mouvement, de manière très synthétique : "Le fondement du Mouvement de la Résistance islamique est l'islam. C'est de l'islam qu'il tire ses idées, ses préceptes et conceptions fondamentales concernant la vie, l'univers et l'humanité ; et il juge toutes ses actions à l'aune de l'islam et s'inspire de l'islam pour corriger ses erreurs".

Cet article rappelle le slogan célèbre de Hassan al-Banna, "le Coran est notre constitution", devenu la devise des Frères musulmans. L'article 2 définit le Hamas comme étant "l'une des ailes des Frères musulmans en Palestine". Les Frères musulmans sont eux-mêmes qualifiés de "mouvement universel qui constitue le plus grand mouvement islamique à l'époque contemporaine". Ce mouvement se caractérise par "une profonde compréhension et une adoption totale de tous les concepts islamiques dans tous les domaines de la vie : culture, croyance, politique, économie, éducation, société, justice et droit, enseignement, communication et art, le visible et l'invisible, et tous les autres domaines de l'existence".

La charte du Hamas fait ainsi sienne la conception particulière de l'islam qui est celle des Frères musulmans. Selon cette conception, partagée par les principales branches de l'islamisme contemporain, l'islam a vocation à régir tous les domaines de l'existence, en abolissant toute distinction entre vie privée et vie publique, les croyances et les sciences, la religion et la politique. Cette conception totalitaire de l'islam a été clairement revendiquée par plusieurs théoriciens des Frères musulmans, et notamment par al-Banna et par son gendre, Said Ramadan, qui a implanté l'organisation des Frères musulmans en Europe.

Dans sa thèse de doctorat en droit, soutenue à Cologne à la fin des années cinquante, Ramadan affirme ainsi que "toutes les idées religieuses qui modèlent l'imaginaire et le contenu de l'esprit humain... sont totalitaires potentiellement ou par leur principe. Elles doivent chercher à imposer leurs propres valeurs et leurs propres règles à toutes les activités et toutes les institutions sociales, des écoles primaires à la loi et au gouvernement" 4.
L'Article 5 de la Charte précise cette conception totalitaire de l'islam, en faisant référence aux "Pieux ancêtres" (al-Salaf al-Salih), concept de base de la doctrine islamiste "salafiste"... De ce point de vue, le Hamas est bien un mouvement salafiste, tout comme la mouvance Al-Qaida, à laquelle on l'oppose parfois. Le mouvement de la résistance islamique, ajoute l'article 5, a "Dieu pour objectif, le Prophète pour modèle et le Coran pour constitution". Mais cette définition islamiste-salafiste est tempérée par l'article 6, qui affirme le caractère "palestinien" spécifique du mouvement, qui "aspire à élever l'étendard d'Allah sur chaque parcelle de la Palestine"... Cette double référence - islamiste-salafiste et palestinienne - a fait dire à certains analystes que le Hamas était un mouvement "islamo-nationaliste", qui faisait passer ses objectifs nationaux avant ceux du jihad global, à la différence des mouvances islamistes internationalistes.

La dimension universelle (ou globale) du Hamas est toutefois affirmée par l'article 7, qui semble prendre le contrepied de l'article précédent. "Grâce au fait que les Musulmans qui ont fait leur la cause du Hamas et aspirent à sa victoire, pour le renforcement de ses positions et pour l'encouragement de son jihad, sont répartis sur l'ensemble du globe, le Mouvement est universel...". Cette contradiction apparente peut s'expliquer par le fait que le Hamas a pour objectif la "libération" de la Palestine et l'instauration d'un Etat islamique à la place d'Israël, mais qu'il se considère en même temps comme un élément du mouvement islamiste (et de l'organisation des Frères musulmans) et du jihad mondial. Cet "universalisme" se traduit concrètement par l'appel lancé par le Hamas à tous les musulmans du monde, pour qu'ils participent - notamment financièrement - à son combat (nous verrons comment cet appel a été entendu en Europe, et notamment en France).

"Le Mouvement de la Résistance islamique", poursuit l'article 7, "est un des maillons de la chaîne du jihad contre l'invasion sioniste. Il est étroitement lié au soulèvement du martyr Izz al-Din al-Qassam et de ses frères combattants du jihad, les Frères musulmans, en 1936. Cette chaîne se poursuit avec un autre maillon du jihad palestinien, celui du jihad et des efforts du mouvement des Frères musulmans dans la guerre de 1948, ainsi que les opérations de jihad des Frères musulmans en 1968 et après".

Cette conception de la "chaîne du jihad" qui relie le Hamas à la guerre de 1948, et à la "révolte arabe" de 1936, vise à inscrire le mouvement dans une double filiation historique : la filiation islamiste des Frères musulmans (qui ont effectivement joué un rôle - modeste mais réel - dans la guerre israélo-arabe de 1948) et la filiation proprement palestinienne, avec l'épisode d'Izz al-Din al-Qassam, qui constitue une référence centrale dans le narratif et dans l'écriture de l'histoire propres au Hamas.

Dans la suite du même article, la charte cite un hadith (parole du Prophète) très connu et souvent invoqué dans le discours islamiste : "Le Prophète, que la prière et la paix soient sur Lui, a dit : Le Temps ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu'à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : O Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le!"

La guerre contre les Juifs constitue ainsi pour le Hamas un impératif qui s'inscrit dans une vision eschatologique, et pas seulement politique, ce qui rappelle à certains égards les conceptions hitlériennes de l'affrontement quasi-métaphysique entre l'Allemagne et les Juifs... On ne saurait assez insister sur l'antisémitisme virulent qui est consubstantiel à la vision du monde du Hamas, et que les observateurs occidentaux passent trop souvent sous silence, ou dont ils minimisent les conséquences 5.

L'article 8 répète le slogan déja cité à l'article 5 : "Devise du Mouvement de la résistance islamique : Allah est son objectif, le Prophète est son modèle, le Coran est sa Constitution", en lui ajoutant un élément important : "le jihad est sa voie et la mort pour Allah est son souhait le plus cher". Cet ajout significatif exprime en réalité la spécificité du Hamas par rapport aux Frères musulmans. Ceux-ci ont en effet toujours cultivé le goût du secret et dissimulé leur recours à la violence et au terrorisme, alors que le Hamas ne fait quant à lui pas mystère de ses intentions.
En affirmant que la "mort pour Allah est son souhait le plus cher", la charte du Hamas lance ainsi un appel sans équivoque au martyre et au sacrifice, désignés par l'expression traditionnelle de "mort sur le chemin de Dieu" (fil-sabil Allah). L'expression "mort pour Allah" servira notamment à désigner les terroristes "kamikazes" du Hamas, qui se font exploser dans les autobus, les cafés et les restaurants et autres lieux publics en Israël.

Objectifs et stratégie du Hamas

Les chapitres 2 et 3 de la charte sont consacrés respectivement aux objectifs et à la stratégie du mouvement islamiste. L'article 9 définit l'objectif du Hamas comme étant principalement celui de réislamiser la société, dans le droit fil des conceptions des Frères musulmans. "Le Mouvement de la Résistance islamique est né dans une période où l'Islam était absent de la vie quotidienne. En conséquence, les balances étaient faussées, les idées confuses, les valeurs modifiées et les méchants avaient pris le pouvoir". Bien que l'identité des "méchants" en question ne soit pas précisée, le contexte laisse entendre qu'il s'agit des dirigeants politiques palestiniens, majoritairement liés au Fatah et à l'OLP, à l'époque de la création du Hamas.

"Quant aux objectifs [du Hamas], ils sont : une lutte à mort contre le mensonge, afin de le vaincre et de le détruire pour que la vérité triomphe, que les terres soient rendues [à leurs propriétaires légitimes] et que l'appel du muezzin puisse être entendu du haut des minarets, annonçant le rétablissement d'un Etat islamique".
Cet exposé situe clairement l'objectif essentiel du Hamas comme étant l'instauration d'un Etat islamique et l'islamisation de la société. L'article 10 précise cet objectif en lui donnant une coloration sociale : "le Mouvement de la Résistance islamique soutient tous les opprimés et protège tous ceux qui sont traités injustement. Il n'épargne aucun effort pour instaurer la justice et chasser le mensonge...". Il est important de remarquer que les objectifs du Hamas sont ainsi définis dans des termes très généraux et sans aucune distinction entre court et long terme, entre les domaines politique, religieux et social.

C'est le chapitre 3 de la Charte qui contient les points essentiels de son programme politique et qui aborde les éléments
les plus importants de sa vision du monde. L'article 11 renferme le coeur de la conception islamiste du conflit israélo-arabe : "le Mouvement de la Résistance islamique croit que la terre de Palestine constitue un waqf [une fondation islamique] qui appartient à tous les Musulmans jusqu'au Jour de la Résurrection. Il est interdit d'y renoncer, en totalité ou en partie, ou de la céder, en totalité ou en partie. Elle n'appartient à aucun pays arabe, ni même à l'ensemble des pays arabes, ni à aucun roi ou président, ou organisation, palestinienne ou arabe, parce que la Palestine constitue une terre islamique sacrée de waqf et appartient aux Musulmans jusqu'au Jour de la Résurrection".

[A SUIVRE...]

Notes
1. Il n'existe pas de traduction officielle de la Charte du Hamas, ni en anglais, ni en français. Plusieurs versions en français disponibles sur Internet sont inexactes et comportent des erreurs grossières de traduction.
2. C'est moi qui souligne. "Notre combat contre les Juifs" (Ma'rakatuna Ma'a al-Yahud) est le titre d'un ouvrage fameux de Said Qutb, écrit au début des années 1950, qui constitue en quelque sorte le Mein Kampf du mouvement islamiste.
3. Sur Qutb et son livre "Notre combat contre les Juifs", voir l'analyse détaillée de Ronald Nettler, Past Trials and Present Tribulations, a Muslim Fundamentalist's View of the Jews, Pergamon Press 1987. Je me permets de renvoyer aussi à mon livre Le Sabre et le Coran, chapitre 2, éditions du Rocher 2005.
4. Said Ramadan, Islamic Law, its Scope and Equity, Londres 1951.
5. Ainsi Gilles Kepel explique que la charte "reprend tous les clichés de l'antisémitisme du vingtième siècle", mais relativise cette constatation en affirmant que son contenu est "déclamatoire plus qu'opérationnel"... (Jihad, Gallimard 2003, note 62 p. 628).