Monday, October 08, 2007

Terrorisme: la France doit faire face à une "double menace"


PARIS (AFP) La France fait face à une double menace terroriste, à savoir Al-Qaïda et la proximité de l'Algérie, estime dans un entretien à Libération publié lundi le directeur de la DST Bernard Squarcini, qui fait état d'"un risque de récidive par rapport à ce que l'on a connu dans les années 94-95".


"Nous nous retrouvons sous une double menace, à savoir la menace venant de la mouvance internationaliste, donc Ben Laden, mais également la proximité de l'Algérie, et donc un risque de récidive par rapport à ce qu'on a connu dans les années 94-95", affirme M. Squarcini.
"Le fait d'obtenir ce label Al-Qaïda Maghreb islamique représente un grand danger pour les intérêts français et la France (...) puisqu'un groupe circonscrit au territoire algérien s'inscrit désormais dans le jihadisme international et associe le pouvoir algérien, qu'il conteste fortement, au pouvoir français", explique Joël Bouchité, directeur des RG, également interrogé par Libération.
Pour lutter contre le terrorisme, les Renseignements généraux "travaillent sur des mouvements de réislamisation, sur des prédicateurs, sur des gens qui embrigadent. Les lieux propices, ce sont certaines mosquées, des associations avec des buts dissimulés, le milieu carcéral - où se côtoient les condamnés de 95 et des filières afghanes avec des individus récupérés pour des délits de droit commun", précise M. Bouchité, qui mentionne à ce propos "un très gros souci".
"Nous travaillons également sur le phénomène des convertis à l'islam et des filières", ajoute M. Squarcini.

Sunday, October 07, 2007

Le double visage du cheikh Youssouf al-Qaradawi


Le cheikh Youssouf al-Qaradawi
Organisateur de la "Coalition de la Bienfaisance" et de la collecte en faveur du Hamas en Europe


Le cheikh Qaradawi est à la fois le mentor spirituel de l'UOIF, le président du CEFR (Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche) et l'organisateur de la collecte au profit du Hamas dans de nombreux pays européens, et notamment en France par le CBSP. Il est aussi l'auteur de fatwas autorisant les attentats-suicides. Il a été interdit de séjour aux Etats-Unis, après que ses liens avec la banque du terrorisme Al-Taqwa soient apparus au grand jour.

Le double visage de Qaradawi


L'islamologue français Gilles Kepel décrit Qaradawi comme un "compagnon de route des Frères musulmans" et comme un des plus influents prédicateurs sunnites contemporains [1]. Pour le journaliste du Monde Xavier Ternisien, il peut être considéré comme le "chef" de l'islam mondial... [2]

Qaradawi est en effet un homme puissant et influent dans le monde musulman. Déchu de la nationalité égyptienne, en raison de ses liens avec l'organisation des Frères musulmans, il vit au Qatar depuis 1962, et il anime une émission célèbre sur la chaîne Al-Jazira, "Ash-Sharia wal Hayat" (La charia et la vie). Membre du "bureau de l'orientation" des Frères musulmans, Qaradawi a été récemment pressenti pour devenir le président de cette organisation, mais il a refusé ce poste. Son influence s'exerce à la fois par le biais des médias, du CEFR (voir plus bas) et d'Internet, auquel il s'est intéressé depuis de nombreuses années.

Qaradawi est un représentant typique du courant islamiste centriste, que certains qualifient parfois de "modéré" (par opposition à l'islamisme radical incarné par Ben Laden). Mais cette "modération" est purement de façade. En réalité, Qaradawi soutient les attentats-suicides, et encourage le jihad, notamment parmi les populations européennes, comme nous allons le voir.

1. Le prédicateur et homme de médias


Qaradawi est "une puissance à lui tout seul", comme l'observe un journaliste du Monde qui l'a souvent rencontré [3]. Son émission "La charia et la vie" sur Al-Jazira est regardée par plus de dix millions de téléspectateurs dans le monde entier, et notamment en France et en Europe.

Cette célébrité médiatique lui a valu d'être invité au congrès du Bourget de l'UOIF en l'an 2000. Comme l'explique l'islamologue Gilles Kepel, Qaradawi a fait de la jeunesse musulmane immigrée en Occident le "coeur de cible de sa prédication" [4].

Cette prédication s'exerce par plusieurs canaux : la chaîne de télévision qatarie tout d'abord, qui est aujourd'hui reçue dans le monde entier et en France notamment, grace aux antennes paraboliques (qui parsèment les banlieues françaises). Internet ensuite, dont Qaradawi a très tôt compris le potentiel formidable qu'il représente pour la diffusion de l'islam dans le monde, et auquel il a consacré plusieurs millions de dollars.

Depuis 1996, Qaradawi a ainsi levé pas moins de 16 millions de dollars auprès de riches donateurs des pays du Golfe pour développer des sites Internet [5].

2. L'organisateur de l'islam européen

Par-dela son activité de prédication, Qaradawi a joué et joue encore le rôle d'organisateur de l'islam européen, à travers deux institutions : l'UOIE (Union des organisations islamiques européennes, dont l'UOIF est la branche française), et le CEFR (Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche).

Conformément à la doctrine des Frères musulmans, qui ont fait de l'Europe un de leurs principaux champs d'action depuis les années 1960, Qaradawi a consacré beaucoup de moyens à l'organisation de l'islam européen. Il est jusqu'à ce jour le mentor spirituel de l'UOIF, qui l'a invité à son congrès annuel du Bourget en 2000.

Mais c'est surtout à travers le CEFR, qu'il préside, que Qaradawi exerce son influence sur les populations musulmanes européennes.

Le Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche

Le CEFR est une institution originale et inédite dans le paysage politique européen. Sous des dehors religieux et consultatifs, elle revendique en fait une véritable autonomie juridique pour les populations musulmanes européennes.
Inauguré à Londres en mars 1997, le CEFR se présente comme une "entité académique, islamique, spécialisée et indépendante", ayant pour but d'émettre des "fatwas collectives qui répondent aux besoins des musulmans en Europe" 6.
L'analyse de la jurisprudence du CEFR montre un mélange de souplesse apparente en matière strictement religieuse, et d'extrémisme en matière politique. Lors de la session de Stockholm du CEFR, en juillet 2003, le cheikh Qaradawi a ainsi expliqué que les attentats-suicides du Hamas ne constituaient pas des actes de terrorisme, mais un moyen de résistance, en reprenant les arguments développés dans ses fatwas sur le sujet (voir ci-dessous) [7].

3. Le responsable de la collecte européenne pour le Hamas

Le cheikh Qaradawi a mis ses talents d'organisateur au service du mouvement terroriste palestinien Hamas, en organisant une collecte à grande échelle sur le territoire européen.
Cette collecte, intitulée "Campagne des 101 jours", s'effectue par le biais d'un réseau d'associations créées dans la plupart des pays d'Europe [8]. Ce réseau est désigné sous le nom de "Coalition de la Bienfaisance" et se présente comme ayant une visée purement caritative. Toutefois, les destinataires des fonds collectés les utilisent à la fois à des fins humanitaires et à des fins terroristes.

Les fonds collectés dans le cadre de la "Coalition de la Bienfaisance" (représentée en France par le CBSP) servent ainsi notamment à rémunérer les familles des terroristes kamikazes du Hamas, qui se font exploser dans les cafés, les autobus et les restaurants israéliens, entraînant dans leur mort des dizaines de civils innocents.

4. L'auteur de fatwas autorisant les attentats-suicides


Parmi les nombreuses fatwas publiées par le cheikh Qaradawi, plusieurs portent sur des sujets éminemment politiques et très éloignés des préoccupations quotidiennes des populations musulmanes européennes. C'est le cas notamment de ses fatwas autorisant les attentats-suicides.

Qaradawi a ainsi rendu, au début de la deuxième Intifada, une fatwa autorisant les attentats-suicides commis contre des civils israéliens, au motif que "chaque citoyen israélien, homme ou femme, est un soldat potentiel" [9].

Dans un article intitulé "La légalité des attentats-suicides au regard du droit musulman", j'ai montré que le droit musulman classique établissait une distinction stricte entre les combattants et les civils, ces derniers jouissant des protections du droit de la guerre [10]. Mais cette distinction - traditionnelle en droit musulman - a été remise en cause par les décisionnaires contemporains du courant islamiste, et notamment par le cheikh Qaradawi.

Dans une fatwa rendue en 2003, Qaradawi a même été jusqu'à autoriser les attentats-suicides commis par des femmes musulmanes, en considérant que ces actes consitutaient une forme de "martyre pour la cause d'Allah" et qu'une femme devait "partir faire le jihad même sans l'autorisation de son mari" [11].
Les fatwas de Qaradawi autorisant les attentats-suicides ont été diffusées en Occident, notamment par le biais de sites Internet islamistes. On les trouve ainsi sur plusieurs sites en français. Il est probable que ces fatwas ont pu inciter des femmes musulmanes (et converties, comme la kamikaze belge Muriel Degauque) à devenir elles aussi des "soldats de l'islam" et à se transformer en bombes humaines.

5. Promoteur du "jihad financier", obligation pour tous les musulmans d'Europe

A coté de ses fatwas autorisant les attentats-suicides, le cheikh Qaradawi a également rendu plusieurs fatwas sur le thème du "jihad financier", c'est-à-dire de l'obligation pour les musulmans du monde entier de participer au jihad contre les "ennemis de l'islam", en donnant leur "zakat" (aumône légale) aux organisations qui mènent le jihad, comme le Hamas palestinien.

C'est dans ce cadre que s'inscrit la "campagne des 101 jours" menée en Europe par la "coalition de la Bienfaisance" et en France par le CBSP. En incitant les populations musulmanes de France à donner leur "zakat" au Hamas, Qaradawi tente de les transformer en soldats de l'islam. Son action et celle du CBSP constituent donc non seulement une aide au terrorisme palestinien, mais aussi un danger pour la paix civile en France.

6. Actionnaire de la banque du terrorisme Al-Taqwa

Le cheikh Qaradawi a été interdit de séjour aux Etats-Unis, après que ses liens avec la banque du terrorisme Al-Taqwa aient été dévoilés. Cette banque, dont Qaradawi est un des principaux actionnaires, a vu ses avoirs gelés le 7 novembre 2001, en raison de ses relations avec le réseau Al-Qaïda. Réagissant à cette décision, lors d'un sermon du vendredi prononcé le 14 mars 2003 à Qatar, le Cheikh Al-Qaradawi a déclaré 12 :
"La plupart de mes biens et de mes avoirs étaient dans la banque Al-Taqwa. Cette dernière a été séquestrée, accusée d'être une fondation terroriste dirigée par des terroristes, sous prétexte que ceux-ci aident le Hamas".
Mais malgré ses liens étroits avec le Hamas et avec la banque Al-Taqwa, Qaradawi reste persona grata en France et en Europe. Pour combien de temps encore?
Paul Landau


Notes
1. G. Kepel, Jihad, p. 263 et 362, Gallimard 2003.
2. X. Ternisien, "Al-Qaradawi, l'islam à l'écran", Le Monde 30 août 2004.
3. X. Ternisien, "Al-Qaradawi, l'islam à l'écran".
4. G. Kepel, Jihad, p. 476.
5. Anwar Abu Eisheh, "The use of the Internet to serve peace", article publié sur le site de l'UNESCO, www.unesco.org.
6. P. Landau, Le Sabre et le Coran, p. 192. Editions du Rocher 2005.
7. Voir le rapport de MEMRI, "Al-Qaradawi speaks in Favor of Suicide Operations at an Islamic Conference in Sweden”, 24 juillet 2003, http://www.memri.org/french/.
8. La liste des organisations participant à cette campagne figure sur le site du CBSP, http//cbsp.free.fr.
9. Fatwa citée par Kepel, Jihad p. 512.
10. P. Landau, "La légalité des attentats-suicides au regard du droit musulman", Metula News Agency, 29 septembre 2004.
11. P. Landau, Le Sabre et le Coran, p. 197.
12. "N'oublions pas la Palestine!", sermon du vendredi prononcé le 14 mars 2003 au Qatar, publié sur le site http://www.islamophile.org/spip/article729.html.

Wednesday, October 03, 2007

Islam : Sarkozy lance un message de fermeté aux intégristes


SOPHIE DE RAVINEL. LE FIGARO
Publié le 02 octobre 2007

Le chef de l'État s'est rendu hier soir à la grande mosquée de Paris pour rompre le jeûne du ramadan. Il a rendu hommage à l'islam de France, et a promis, d'expulser ceux qui parlent de haine, au nom de la religion musulmane.

« CEUX qui parlent de haine blasphèment l'islam. Ils n'ont rien à faire sur le sol de la République française ». Hier soir, devant un parterre composé de tous les représentants de l'islam de France, le chef de l'État est intervenu à la grande mosquée de Paris, à l'occasion de la rupture du jeûne du ramadan. Nicolas Sarkozy s'est montré ferme à l'égard des extrémistes « qui tuent au nom de l'islam et qui voudraient nous précipiter dans une guerre de religion à l'échelle mondiale ». Ceux qui n'affichent pas un message « de paix et d'amour de l'autre », a-t-il précisé, « seront expulsés du territoire ». Il a assuré qu'il n'y aurait « aucune faiblesse à leur égard ».

C'est la première fois, depuis l'inauguration de cette mosquée par Gaston Doumergue en 1926, qu'un président en exercice vient rompre le jeûne, un acte cultuel qui consiste à partager le premier repas suivant le coucher du soleil. Rien de très étonnant pour Nicolas Sarkozy qui fut à l'origine, comme ministre de l'Intérieur, de la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) en 2002. C'est à l'invitation de son président, le recteur Dalil Boubakeur, que le chef de l'État s'est exprimé hier. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs vanté les mérites du CFCM, grâce auquel « notre pays ne connaît aucune montée de tension dans les rapports entre musulmans et non- musulmans », et que l'islam apparaît « comme compatible avec les valeurs de laïcité, de tolérance, de respect des personnes ».

Financement et formation
« Si le respect des diversités est bon pour la France », a-t-il en outre souligné, il doit aussi être bon « à travers le monde ». « La diversité, on ne peut la chercher quand on est minoritaire, et la combattre quand on est majoritaire ». Comme signe de cette « diversité » promue en France, Nicolas Sarkozy a cité la secrétaire d'État à la Ville, Fadela Amara, qui l'accompagnait. « C'est important pour moi que Fadela soit membre du gouvernement, comme Rachida Dati en tant que garde des Sceaux. »


Le président n'a pas caché son intention de continuer à suivre « avec attention » l'organisation de l'islam de France, et en particulier les élections à la tête du CFCM qui se dérouleront en 2008 et verront le départ de Dalil Boubakeur. Celui-ci est attendu à la tête de la Fondation pour les oeuvres de l'islam, destinée à permettre le financement des lieux de culte mais aussi la formation des imams. « N'en déplaise à quelques-uns que je combats, a lancé le président de la République, l'islam, c'est aussi la France. »

Sunday, September 23, 2007

Quand le ramadan lance deux livres


Deux recueils composés de paroles du prophète Mahomet entrent dans le classement des meilleures ventes. Est-ce l'effet du jeûne musulman ?

SURPRISE dans le classement des meilleures ventes établi par Le Figaro Magazine-GfK. Deux livres écrits par d'illustres inconnus et publiés par un éditeur étranger intègrent cette liste des best-sellers. Le premier (Les 50 Rabbana, d'Abou Daouda Boureïma) figure à la dixième place (« essais/documents ») et le deuxième (Les Hadith Qudsî, d'al-Nawawî) est dans le top 20. Ces deux ouvrages - publiés par al-Bouraq, une maison d'édition libanaise distribuée en France - se vendent à plus de 5 000 exemplaires chaque semaine. Un succès d'autant plus étonnant que ces petits ouvrages sont composés de paroles du prophète Mahomet, disponibles gratuitement sur Internet.
Les livres. Les « Hadith », ce sont les traditions et les paroles du prophète Mahomet (ou Mohammad) que les croyants doivent suivre comme des recommandations de vie, et les « Hadith Qudsî » sont des paroles sacrées qui auraient été transmises directement par Dieu au Prophète. Quant aux « Rabbana », ce sont des invocations de plusieurs prophètes (Mahomet, mais aussi Jésus, Moïse, Abraham) que l'on peut trouver dans le Coran. Ces deux recueils sont courts (160 pages chacun) et bon marché (3 et 2 euros). Les Hadith sont traduites en français et Les 50 Rabbana sont présentés en édition bilingue (français, arabe et en phonétique).
Le succès. « La période de ramadan attire de nombreux lecteurs, qui viennent se procurer ces Hadith et ces Rabbana, ainsi que le Coran », fait-on remarquer à La Librairie de l'Orient, enseigne installée près de l'Institut du monde arabe et qui appartient au distributeur français des éditions al-Bouraq (le siège de cette maison se trouve à Beyrouth). La libraire ajoute : « L'étonnant est que le profil de ces acheteurs est très varié : il y a, bien sûr, des musulmans, mais on rencontre aussi des non-musulmans curieux d'en savoir un peu plus sur la religion. » Ce n'est pas la seule raison de cet étrange succès : une analyse plus poussée du cabinet GfK montre que 98 % des ventes de ces recueils sont réalisées par le réseau des hypermarchés et des supermarchés alimentaires ; et très peu via les librairies traditionnelles. Ces livres bénéficient aussi des « coins » ramadan qui se sont multipliés dans les magasins avec la période de jeûne.


MOHAMMED AÏSSAOUI, LE FIGARO

Monday, September 17, 2007

L'idée d'un registre sur les convertis à l'islam suscite l'indignation

Un responsable conservateur allemand a préconisé de tenir un registre contenant les noms des personnes converties à l'islam en Allemagne, suscitant mercredi l'indignation d'une partie de la classe politique allemande.
Le numéro deux du groupe conservateur au parlement, Wolfgang Bosbach, avait justifié la tenue de ce registre au motif que certains convertis se radicalisent une fois devenus musulmans. "Ce n'est pas un soupçon général mais un moyen de défense contre un danger", s'est-il justifié à la radio bavaroise.
Cette proposition intervient alors que deux des trois hommes arrêtés la semaine dernière alors qu'ils préparaient des attentats en Allemagne sont des Allemands de souche convertis à l'islam.
En 2006, plus de 4.000 personnes en Allemagne ont choisi de devenir musulmanes, selon l'Institut central des archives de l'islam, contre 1.152 en 2005 et seulement 250 en 2000. Cet institut évalue à environ 18.000 le nombre d'Allemands de souche de confession musulmane, sur 3,4 millions de musulmans dans le pays.
"Faire planer un soupçon général sur de telles personnes est irresponsable", a réagi un responsable du parti social-démocrate (SPD), Dieter Wiefelspütz, sur le journal en ligne "netzeitung.de". Cette suggestion entre, selon lui, dans la catégorie de la "bêtise en politique". "C'est un déchet empoisonné", a-t-il ajouté.
Sur l'édition en ligne du Financial Times Deutschland, l'ancien ministre de l'Intérieur allemand Gerhart Baum (FDP, opposition) a également qualifié les propos de M. Bosbach d'"idiots", estimant qu'un registre sur les convertis à l'islam constituait une "bêtise sur le plan du droit constitutionnel" et allait à l'encontre de la liberté religieuse.
"On en peut pas discréditer tout un groupe de croyants", s'est insurgé le ministre régional de l'Intérieur du Schleswig-Holstein, Ralf Stegner (SPD), dans le quotidien Kölner Stadt Anzeiger à paraître jeudi.
Un responsable conservateur allemand a préconisé de tenir un registre contenant les noms des personnes converties à l'islam en Allemagne, suscitant mercredi l'indignation d'une partie de la classe politique allemande.
Le numéro deux du groupe conservateur au parlement, Wolfgang Bosbach, avait justifié la tenue de ce registre au motif que certains convertis se radicalisent une fois devenus musulmans. "Ce n'est pas un soupçon général mais un moyen de défense contre un danger", s'est-il justifié à la radio bavaroise.
Cette proposition intervient alors que deux des trois hommes arrêtés la semaine dernière alors qu'ils préparaient des attentats en Allemagne sont des Allemands de souche convertis à l'islam.
En 2006, plus de 4.000 personnes en Allemagne ont choisi de devenir musulmanes, selon l'Institut central des archives de l'islam, contre 1.152 en 2005 et seulement 250 en 2000. Cet institut évalue à environ 18.000 le nombre d'Allemands de souche de confession musulmane, sur 3,4 millions de musulmans dans le pays.
"Faire planer un soupçon général sur de telles personnes est irresponsable", a réagi un responsable du parti social-démocrate (SPD), Dieter Wiefelspütz, sur le journal en ligne "netzeitung.de". Cette suggestion entre, selon lui, dans la catégorie de la "bêtise en politique". "C'est un déchet empoisonné", a-t-il ajouté.
Sur l'édition en ligne du Financial Times Deutschland, l'ancien ministre de l'Intérieur allemand Gerhart Baum (FDP, opposition) a également qualifié les propos de M. Bosbach d'"idiots", estimant qu'un registre sur les convertis à l'islam constituait une "bêtise sur le plan du droit constitutionnel" et allait à l'encontre de la liberté religieuse.
"On en peut pas discréditer tout un groupe de croyants", s'est insurgé le ministre régional de l'Intérieur du Schleswig-Holstein, Ralf Stegner (SPD), dans le quotidien Kölner Stadt Anzeiger à paraître jeudi. (AFP, Berlin)

Tuesday, September 11, 2007

Pays-Bas: d'anciens musulmans s'organisent et dénoncent l'islam politique


LA HAYE - Un membre du Parti travailliste néerlandais (PvdA), Ehsan Jami, a lancé mardi à La Haye un comité de musulmans ayant abjuré leur foi et dénonçant l'islam politique, dans une déclaration avec des représentants allemands et britanniques d'organisation similaires.
"Nous brisons le tabou qui accompagne l'abjuration de l'islam, mais prenons aussi parti pour la raison, les droits et valeurs universels et le sécularisme", est-il écrit dans la "Déclaration européenne pour la tolérance" signée mardi par M. Jami, son homologue allemande Mina Ahadi et britannique Maryam Namazi, tous trois d'origine iranienne.
M. Jami, un conseiller municipal de 22 ans, a fait la une de la presse néerlandaise avec ses déclarations sur l'islam depuis qu'il vit sous protection policière rapprochée nuit et jour après avoir été agressé début août.
Il a ainsi déclaré que certains versets du Coran étaient "débiles, vraiment débiles" et le prophète Mahomet "un criminel" et "un barbare".
"Nous allons entamer un combat, débattre avec les gens dans les mosquées, les représentants des organisations islamiques et les Néerlandais", a-t-il déclaré mardi devant environ 80 journalistes qui s'étaient massés à une conférence de presse consacrée à la signature du manifeste.
La liberté d'expression et donc le droit d'abjurer l'islam est "l'un des droits les plus menacés", a indiqué M. Jami. Selon le Coran, il faut punir l'abjuration par la peine de mort, a-t-il rappelé.
"Pas de tolérance pour l'intolérance", a-t-il lancé comme un mot d'ordre.
Ses prises de positions controversées ont provoqué une contre-manifestation lundi à Amsterdam, où trois anciens musulmans ont convoqué la presse dans une mosquée afin d'expliquer qu'il n'était pas si difficile d'abjurer l'islam et qu'ils n'avaient reçu aucune menace ni subi de pressions à ce sujet.
Le comité allemand, nommé "Wir haben abgeschworen" ("Nous avons abjuré"), compte quelque 400 membres, dont des athées allemands, selon Mme Ahadi. Environ 70 personnes ont rejoint le Comité britannique pour ex-musulmans depuis sa création il y a deux mois.
Le comité néerlandais ne compte que deux membres, "mais nous avons reçu des centaines d'e-mails de soutien, c'est cela qui compte, nous sommes plus un mouvement", a assuré M. Jami mardi.
Un comité de soutien à son action, qui inclut l'ancienne députée d'origine somalienne Ayaan Hirsi Ali, connue pour ses critiques virulentes de l'islam et qui a quitté cet été les Pays-Bas pour les Etats-Unis, mais aussi le député d'extrême droite Geert Wilders, a réussi à rassembler 70 personnes.
Mais les responsables de son parti ont refusé de s'y joindre.
(©AFP / 11 septembre 2007 17h19)

En Europe, l'islam radical attire plus de convertis, mais très peu deviennent djihadistes


LE MONDE 11.09.07
Dans la plupart des pays européens, la tendance est la même : le nombre de conversions à l'islam de personnes jusque-là sans religion ou d'origine judéo-chrétienne connaît une forte augmentation depuis quelques années. Mais, quel que soit le pays, le phénomène demeure difficilement quantifiable.

Aucun organisme ou institution ne relève de manière systématique une telle démarche, qui se résume la plupart du temps à prononcer la chahada – la profession de foi attestant de l'unicité de Dieu et de la prophétie de Mahomet–, devant deux témoins.

En France, quelque 3 00 personnes rejoindraient l'islam chaque année. Et le pays compterait, selon les estimations, de 40 000 à 70 000 convertis. Avec une fourchette de 15 000 à 100 000 personnes concernées, l'Allemagne avance des chiffres tout aussi approximatifs.

La difficulté est la même en Belgique, qui estime entre 6 000 et 25 000 le nombre de ses nationaux convertis. L'Espagne, avec une population musulmane d'un million de personnes, d'immigration récente, compterait, elle, de 5 000 à 20 000 convertis, selon les associations islamiques du pays.

MARIAGES MIXTES

D'une manière générale, les raisons qui amènent à la conversion sont connues. Alors que, dans les années 1970, les Européens devenaient souvent musulmans par la voie du soufisme, le courant mystique de l'islam, à l'issue d'une longue quête spirituelle, les convertis, en majorité des hommes de moins de 40 ans, rejoignent désormais l'islam pour des raisons familiales ou de proximité.
La fréquentation de familles de culture musulmane dans les banlieues et la multiplication des mariages mixtes, notamment en France ou en Italie, contribuent au développement des conversions, qui débouchent sur une pratique religieuse plus ou moins assidue.

Parallèlement, dans tous les pays, une minorité croissante embrasse un islam radical. Ces nouveaux convertis se tournent en particulier vers le courant salafiste, qui prône une pratique rigoriste et dont les fidèles se posent volontiers en rupture avec les sociétés occidentales.

C'est dans ces mouvances que se retrouvent la plupart du temps les "djihadistes", ces convertis engagés dans un islamisme politique et combattant. Le procès d'un réseau islamiste, composé notamment de convertis belges et impliqué dans une filière d'acheminement de combattants en Irak, doit s'ouvrir bientôt à Bruxelles.
Stéphanie Le Bars

De la province allemande au "djihad"


LE MONDE 11.09.07
Ulm (Bade-Wurtemberg), envoyée spéciale
C'est un itinéraire qui reflète le nouveau visage pris par le terrorisme islamiste : celui d'un jeune Allemand, fils de médecin et d'ingénieur, qui se convertit à l'islam pour se mettre ensuite au service d'un réseau terroriste. Arrêté le 4 septembre en même temps que deux complices, Fritz G., 28 ans, est soupçonné d'avoir tenté de préparer une série d'attentats à la voiture piégée en Allemagne pour le compte de l'Union islamique du djihad (IJU), un groupe sunnite originaire d'Ouzbékistan et lié à Al-Qaida.

Au premier abord, le présumé terroriste semblait mener une existence "normale" à Ulm, ville de taille moyenne du sud de l'Allemagne. Dans la modeste maison en périphérie de la ville où il avait loué un appartement, au rez-de-chaussée, avec sa femme d'origine turque épousée en janvier, l'étudiant à l'épaisse chevelure brune, "plutôt bel homme", a surtout marqué son entourage par sa discrétion.

"On le voyait très rarement, il ne cherchait pas à nouer de contact", témoigne une mère de famille, qui habite juste en face de cette maison. A l'université technologique où il était inscrit en quatrième année d'études d'ingénieur, le jeune homme ne s'était engagé dans aucune association et n'avait pas attiré l'attention de ses professeurs.
"C'était un étudiant aux performances moyennes, qui passait totalement inaperçu", assure le directeur administratif de l'université, Herbert Jarosch. Derrière cette façade lisse se dissimulait pourtant un converti fanatique, considéré comme la "tête" du trio terroriste.

Fritz G. commence à découvrir l'islam à travers ses camarades de classe turcs. A Ulm, où sa famille est installée depuis qu'il a cinq ans, près de 25 % des habitants sont issus de l'immigration. Lorsqu'il a 15 ans, ses parents, tous deux non croyants, divorcent. A l'époque, il commence à fréquenter le Centre d'information islamique d'Ulm (IIZ) et le Multikultihaus, dans la ville voisine de Neu-Ulm, deux lieux de rassemblement de la communauté musulmane considérés par les services de renseignement comme un vivier pour les djihadistes allemands.

MATÉRIEL DE PROPAGANDE
Créées à la fin des années 1990, ces deux associations, dont l'une a été interdite par les autorités fin 2005, prônent un islam radical. L'un des pilotes kamikazes du 11 septembre 2001, Mohammed Atta, et Reda Seyam, soupçonné un temps d'être impliqué dans l'attentat de Bali, en 2002, ont été aperçus dans l'un des deux centres.

Trois jeunes Allemands issus de ce cercle ont péri dans des combats en Tchétchénie en 2002. Au contact de ce milieu, le jeune homme se convertit à l'islam à l'âge de 18 ans et se fait désormais appeler Abdullah. Son frère est également converti, mais passe pour un modéré.
La spirale terroriste commence alors lentement à se mettre en place. On aperçoit Fritz G. dans le centre-ville d'Ulm en train de distribuer des exemplaires du journal Pense de manière islamique, édité par des proches du IIZ. En décembre 2004, la police retrouve du matériel de propagande en faveur d'Oussama Ben Laden dans sa voiture.

Au début de l'année 2006, Fritz G. se rend au Pakistan, dans un camp d'entraînement, vraisemblablement en compagnie du Turc Adem Y., l'un des deux autres suspects arrêtés le 4 septembre. La même année, son autre complice, Daniel S., âgé de 22ans se trouve également au Pakistan.
A l'image de Fritz G., Daniel S. est issu d'un milieu social favorisé et s'est tourné très jeune vers un islam radical. Après avoir interrompu, en 2003, sa scolarité au lycée Steinwald, à Neunkirchen, en Sarre, il se serait rendu en Egypte pour apprendre l'arabe et étudier le Coran. Il revient ensuite pour effectuer son service militaire à Sarrelouis.

Depuis février 2007, il louait un appartement à proximité d'un centre de rencontre de la communauté musulmane à Sarrebruck. Le jeune homme irritait parfois ses voisins en brûlant, la nuit, des monceaux de CD dans l'arrière-cour ou en priant à voix haute en arabe trois fois par jour. Depuis quelques semaines, il s'était inscrit aux cours du soir d'un lycée pour repasser son baccalauréat technologique.

A la différence de Fritz G. et de Daniel S., Adem Y., âgé de 29ans, est un enfant

de l'immigration. Il est né en Turquie mais vit en Allemagne depuis plus de vingt ans. Au moment de son arrestation, il était domicilié chez ses parents, qui logent avec ses frères et sœurs dans un immeuble gris, en bordure d'une avenue bruyante, à Langen, petite ville près de Francfort.
On sait qu'il a travaillé pendant quelque temps comme contrôleur dans les transports en commun avant de se retrouver au chômage. C'est à ce moment qu'il se serait rapproché du milieu islamiste. D'après ses voisins, il portait une longue barbe et s'habillait régulièrement d'un long caftan blanc.

ACCÉLÉRATION DES CONVERSIONS

Le parcours de Fritz G. et de Daniel S. a jeté des interrogations sur la communauté des convertis allemands. Près de 18 000 Allemands se seraient convertis à l'islam, selon une évaluation de l'Institut central des archives de l'islam. D'autres estimations évoquent jusqu'à 100 000 convertis.
Surtout, le rythme des conversions se serait accéléré ces dernières années, atteignant un pic en 2006 avec 4 000 Allemands devenus musulmans. La validité de ces chiffres reste néanmoins controversée car elle repose sur des sondages partiels menés auprès des associations musulmanes.
La pratique d'un islam modéré reste la règle générale chez les convertis. Mais un nombre infime se laisse séduire par la doctrine islamiste. Les motifs sont variés et dépendent de chaque histoire individuelle, mais les experts identifient souvent une crise personnelle à l'origine de ce penchant.

Pour les recruteurs islamistes, ces profils sont les bienvenus. Selon les services de renseignement, les organisations extrémistes recrutent davantage en direction des convertis, qui passent plus inaperçus et peuvent voyager sans difficulté. "C'est un avantage d'avoir dans leurs rangs des Allemands", souligne Christoph Grammer, porte-parole des renseignements généraux dans le Bade-Wurtemberg.
"Les convertis ont souvent le potentiel le plus dangereux, car ils cherchent à faire leurs preuves", observe Rolf Tophoven, l'un des principaux experts du terrorisme en Allemagne.

Depuis son séjour au Pakistan, Fritz G. était décidé à mettre en œuvre son projet d'attentat. Une perquisition de la police à son domicile, en janvier, ne l'a pas fait dévier de son objectif. Pas plus qu'un article publié, en mai, dans un journal, qui faisait référence à ses préparatifs d'attentat. Jusqu'à ce que la police allemande l'arrête et mette fin à son sinistre plan.
Cécile Calla

Monday, September 10, 2007

Questions sur les Allemands convertis à l'islam

Après avoir déjoué un complot terroriste de grande envergure, les autorités allemandes s’intéressent maintenant, et de près, à une catégorie de personnes, celle des Allemands de « souche » convertis à la religion musulmane. Deux des trois extrémistes arrêtés sont des Allemands de souche convertis à l’islam, ce qui a provoqué une série d’interrogations dans la presse allemande, d’autant que le phénomène est en nette progression.
Un des trois terroristes arrêtés s’appelle Fritz. Difficile de faire plus allemand. Il fait partie comme un deuxième interpellé des dix-huit mille personnes converties à l’islam, depuis la guerre, d’après l’Institut central des Archives de l’islam en Allemagne.
Un chiffre que certains experts jugent largement sous-estimé. L’an dernier, un record a été battu avec 4 000 conversions, alors que la moyenne annuelle a longtemps été de 250 à 300 personnes. Les femmes restent les plus nombreuses, leur geste s’expliquant souvent par un mariage avec un musulman.
Les convertis sont à 80% des chrétiens qui rejettent leur religion et, souvent, la société dans laquelle ils vivent. Ils trouvent dans l’islam une réponse à leurs interrogations.
Les attaques contre les musulmans expliquent aussi certaines conversions, les intéressés se solidarisant avec ceux qu’ils considèrent comme des victimes et des exclus.
Pour certains experts, ces convertis sont fortement zélés. Le ministre de l’Intérieur fédéral Wolfgang Schäuble a dénoncé ce risque. Son collègue bavarois, Günther Beckstein a plaidé pour une surveillance de certains convertis.
(Source : http://www.rfi.fr)