Les musulmans veulent prier dans la "mezquita" de Cordoue
LE MONDE 30.12.06
MADRID CORRESPONDANTE
Benoît XVI a ranimé les ardeurs des musulmans andalous désireux de pouvoir prier à la mosquée-cathédrale de Cordoue. Prenant exemple de l'image du pape en prière à la mosquée Bleue, au côté du Grand Mufti d'Istanbul, au cours de son voyage en Turquie, la Junte islamique espagnole a écrit au Saint Père pour lui demander que les musulmans soient autorisés à prier, à côté des catholiques, dans la "mezquita", l'ancienne Grande Mosquée de Cordoue, devenue cathédrale depuis plus de sept siècles.
L'association musulmane précise, dans sa missive, que son objectif n'est pas de "s'approprier ce lieu bénit mais d'y favoriser, avec vous et d'autres confessions, un espace oecuménique singulier et unique au monde". Son président, Mansur Escudero, a indiqué, dans un entretien au quotidien ABC, que cette démarche ne vise pas à "revendiquer le passé" ni "récupérer" ce lieu singulier.
Pouvoir prier dans ce lieu magique édifié pendant deux siècles (785-987) par les émirs, puis califes Omeyyades, littéralement éventré par une église cathédrale au XVIe siècle, après la Reconquista chrétienne d'Al-Andalus, est une revendication ancienne des musulmans espagnols.
L'évêché "nous a toujours répondu la même chose, à savoir que lorsque l'on pourra prier à Sainte-Sophie, par principe de réciprocité, on pourrait considérer cette option", a précisé Mansur Escudero dans cet entretien.
"CONFUSION"
Avant même que la nonciature ait pu remettre la lettre au Vatican, l'évêque de Cordoue, Juan José Asenjo, a rejeté l'idée de transformer la mosquée-cathédrale en "lieu œcuménique singulier".
Ouvrir cet endroit à la prière d'autres confessions, a indiqué le dignitaire dans un communiqué publié mercredi 27 décembre, "ne contribuerait pas à la coexistence pacifique des différents credos" et, en outre, "provoquerait une confusion entre les fidèles en favorisant l'indifférenciation religieuse".
A toutes fins utiles, l'évêque affirme que l'évêché possède des "titres juridiques qui font foi pour conserver l'usage exclusif de la cathédrale à l'Eglise" ainsi que "des titres historiques incontestables".
En attendant une éventuelle réponse du pape, et faute de pouvoir le faire intra-muros, Mansur Escudero a prié au pied du mur d'enceinte de la mosquée-cathédrale, jeudi.
Cécile Chambraud
MADRID CORRESPONDANTE
Benoît XVI a ranimé les ardeurs des musulmans andalous désireux de pouvoir prier à la mosquée-cathédrale de Cordoue. Prenant exemple de l'image du pape en prière à la mosquée Bleue, au côté du Grand Mufti d'Istanbul, au cours de son voyage en Turquie, la Junte islamique espagnole a écrit au Saint Père pour lui demander que les musulmans soient autorisés à prier, à côté des catholiques, dans la "mezquita", l'ancienne Grande Mosquée de Cordoue, devenue cathédrale depuis plus de sept siècles.
L'association musulmane précise, dans sa missive, que son objectif n'est pas de "s'approprier ce lieu bénit mais d'y favoriser, avec vous et d'autres confessions, un espace oecuménique singulier et unique au monde". Son président, Mansur Escudero, a indiqué, dans un entretien au quotidien ABC, que cette démarche ne vise pas à "revendiquer le passé" ni "récupérer" ce lieu singulier.
Pouvoir prier dans ce lieu magique édifié pendant deux siècles (785-987) par les émirs, puis califes Omeyyades, littéralement éventré par une église cathédrale au XVIe siècle, après la Reconquista chrétienne d'Al-Andalus, est une revendication ancienne des musulmans espagnols.
L'évêché "nous a toujours répondu la même chose, à savoir que lorsque l'on pourra prier à Sainte-Sophie, par principe de réciprocité, on pourrait considérer cette option", a précisé Mansur Escudero dans cet entretien.
"CONFUSION"
Avant même que la nonciature ait pu remettre la lettre au Vatican, l'évêque de Cordoue, Juan José Asenjo, a rejeté l'idée de transformer la mosquée-cathédrale en "lieu œcuménique singulier".
Ouvrir cet endroit à la prière d'autres confessions, a indiqué le dignitaire dans un communiqué publié mercredi 27 décembre, "ne contribuerait pas à la coexistence pacifique des différents credos" et, en outre, "provoquerait une confusion entre les fidèles en favorisant l'indifférenciation religieuse".
A toutes fins utiles, l'évêque affirme que l'évêché possède des "titres juridiques qui font foi pour conserver l'usage exclusif de la cathédrale à l'Eglise" ainsi que "des titres historiques incontestables".
En attendant une éventuelle réponse du pape, et faute de pouvoir le faire intra-muros, Mansur Escudero a prié au pied du mur d'enceinte de la mosquée-cathédrale, jeudi.
Cécile Chambraud